Publié le 30 septembre 2007.
Il ne se passe pas de jour sans annonce de réforme, de déclaration péremptoire sur l’air de « la situation est grave, mais vous allez voir ce que vous allez voir, tout ira mieux demain ». Pour l’heure, ce mouvement brownien ne nous impressionne guère car nous savons bien que ce sont les résultats concrets qui comptent. S’il est un dossier crucial pour démontrer la capacité de notre pays à s’adapter à la nouvelle donne économique et démographique, tout en maintenant la cohésion sociale au travers de la solidarité intergénérationnelle, c’est bien celui des retraites. Les ressortissants des régimes spéciaux doivent s’inscrire dans l’augmentation générale de la durée de la carrière. On voit mal pourquoi un conducteur de TGV ne serait plus apte après cinquante ans quand les pilotes d’avion souhaitent, pour beaucoup, voir supprimer l’âge couperet de soixante ans.
Pour autant, la réforme des régimes spéciaux qui va être négociée entreprise par entreprise à la demande de la CFE-CGC, ne signifi e pas spoliation des gaziers, électriciens, cheminots… Davantage de travail doit s’accompagner de garanties salariales et de retraite. Sinon, à quoi cela servirait-il de travailler plus pour gagner moins pendant et après la carrière ? Il y a toutefois un point sur lequel je serai particulièrement vigilant. C’est celui du fi nancement du déséquilibre démographique de ces régimes (500 000 actifs pour 1,1 million de retraités). La compensation est aujourd’hui payée par l’État. Il est hors de question de la transférer au régime général et de la faire supporter aux salariés du privé.
Quand je vois les engagements hors bilan de la SNCF et ce que représente la dette sociale, je me dis que nos gouvernants, quels qu’ils soient, sont toujours habiles dans les tours de passe-passe pour redistribuer les cartes avec toujours les mêmes qui payent l’addition. On nous a déjà fait le coup avec la culture au travers des intermittents du spectacle. Nous payons quatre fois : en qualité de contribuable national et local, de salarié qui paye des cotisations sociales à l’UNEDIC et de consommateur qui paye sa place de théâtre ou de concert. Pour la SNCF nous en sommes à trois : contribuable national, local et consommateur. Gare à l’adossement du régime spécial au régime général !
Pour l’heure, nous avons fêté le soixantième anniversaire de l’AGIRC. Ce fut l’occasion de rendre hommage à nos anciens qui ont su bâtir l’architecture d’un système équilibré entre régime général et complémentaire. Cette architecture, même si elle a besoin d’un ravalement voire de monter un étage supplémentaire, c’est comme les styles roman ou gothique : indémodables pour assurer le ciment de la cohésion sociale et redonner espoir et confiance en l’avenir à toutes les générations. C’est ce à quoi travaille, sereinement, la CFE-CGC.
Bernard VAN CRAEYNEST