publié le 18 septembre 2007
Tout reste à faire !
À observer et à côtoyer le président de la République, on se rend compte que l’art de communiquer prend des dimensions insoupçonnées Les gourous en communication n’en sont plus à «communiquer quelque chose», sous-entendue préalablement élaborée, mais à «communiquer sur quelque chose» dont on n’a pas encore défi ni le contenu.
Mais le monde économique et social – et ce n’est pas le personnel d’encadrement qui me contredira – a la particularité de ne pouvoir avancer que sur des bases concrètes – production, marché, offre, demande – et, surtout, grâce aux femmes et hommes qui en sont le moteur. Autrement dit, il ne suffi t pas de secouer une boîte contenant ressorts et rouages pour créer une montre. Si la France veut progresser, se moderniser, elle doit s’attaquer sérieusement aux
problèmes de fond qui la freinent.
Pour ce qui nous concerne, nous avions été comblés de bonnes intentions ces derniers mois : reprise du dialogue social, ouverture de chantiers sociaux majeurs, Grenelle de l’environnement… Je dois bien constater que les actes qui ont suivi ne sont pas encore à la hauteur des ambitions. Le «travailler plus pour gagner plus» est caractéristique du phénomène. Ce «slogan de com» censé être à l’origine de changements profonds dans l’organisation du travail n’est tout simplement pas fondé ! Les cadres travaillent déjà plus et notre enquête sur leurs revenus démontre que leur niveau de vie n’en profi te pas. Fort de ce constat nous avions obtenu de la part du président de la République qu’une de ses prochaines conférences sociales se consacre également à la problématique des revenus et du pouvoir d’achat. Pas de problème, nous a-t-on dit, les ministres de tutelle vont s’en charger pour le 23 octobre !
Hélas ! les embryons de projets qui nous sont proposés… pour 2008, ne s’intéressent qu’aux salaires minimaux, exit l’encadrement.
Les claquements de doigts n’ont décidément aucun effet. La croissance est en berne ? Vociférer sur le libre échange est inutile, l’installation d’une énième commission, même parrainée par Jacques Attali, n’y changera rien. La peau des régimes spéciaux est déjà vendue ? Pas si simple…
Il a été dit que la guerre était un sujet trop sérieux pour la confier aux militaires. Je dirais que notre économie et ses enjeux sociaux sont trop sérieux pour les abandonner aux «communicants». Il faudra bien se décider à entendre ceux qui en ont, pour une grande part, la responsabilité : les partenaires sociaux.
Bernard Van CRAEYNEST