BFM Business
France

Comment la hausse des prix de l'énergie a plombé le pouvoir d'achat des Français

Face à l'envolée des prix de l'énergie, les ménages français ont perdu en moyenne 720 euros de revenu disponible entre janvier 2021 et juin 2022, selon l'Insee. Leur pouvoir d'achat devrait toutefois rebondir sur la deuxième moitié de 2022.

Chèque énergie exceptionnel, indemnité inflation, bouclier tarifaire, remise carburant... Les mesures exceptionnelles mises en place par le gouvernement entre janvier 2021 et juin 2022 n'auront pas suffi à compenser l'impact de l'envolée des prix de l'énergie sur le pouvoir d'achat des Français.

Selon une note de l'Insee parue ce lundi, le revenu disponible des ménages sur la période, une fois les dépenses énergétiques soustraites, était inférieur en moyenne de 840 euros à ce qu'il aurait été sans hausse de prix. En intégrant les aides du gouvernement (bouclier tarifaire, remise carburant, chèque énergie...), la perte nette est un peu moins importante: 720 euros en moyenne, soit 1,3% de baisse de pouvoir d'achat.

Dans le détail, cette baisse de niveau de vie est essentiellement due aux dépenses de chauffage et au fonctionnement de la maison (+460 euros par ménage entre janvier 2021 et juin 2022), puis aux dépenses de carburants (+380 euros), partiellement compensées, donc, par un gain de 120 euros d'aides.

Un surplus de dépenses de 24,8 milliards d'euros

Au final entre janvier 2021 et juin 2022, les dépenses globales d'énergie des Français auront été 24,8 milliards d'euros supérieures à ce qu'elles auraient été si les prix étaient restés ceux de 2020. Un résultat à prendre toutefois avec précaution puisqu'il est exprimé "à consommation inchangée", soit en considérant que les ménages n'ont pas modifié leur comportement d'achat face à la hausse des prix.

Malgré le bouclier tarifaire, la hausse des prix de l'électricité, du gaz et du fioul explique une grande partie de ces dépenses supplémentaires (+13,6 milliards). Le reste (+7,6 milliards liés aux dépenses de diesel, et +3,6 milliards liés à l'essence) provient de la flambée des prix du carburant.

Les aides du gouvernement ont quant à elle permis d'augmenter le niveau de vie global des ménages d'environ 3,5 milliards d'euros, dont 3 milliards pour la seule indemnité inflation. Le revenu disponible global des ménages après dépenses énergétiques est ainsi resté inférieur de 21,3 milliards d'euros à ce qu'il aurait été sans hausse de prix et sans mesure de soutien.

240 euros de dépenses supplémentaires par ménage sans bouclier tarifaire

Il faut dire que la hausse des prix de l'énergie a été particulièrement brutale. Entre janvier 2021 et juin 2022, les prix de l'essence et du diesel étaient respectivement supérieurs de 20% et 24% en moyenne à ceux de 2020. Le fioul a quant à lui pris 41%, contre +37% pour le gaz et +5% pour l'électricité. Soit une hausse moyenne de l'ensemble des prix de l'énergie de 18% sur cette période.

Le bouclier tarifaire et la remise carburant ont toutefois permis de limiter la casse. Sans ces soutiens, les dépenses énergétiques des ménages auraient été supérieures de 270 euros en moyenne par ménage entre janvier 2021 et juin 2022 (+240 euros sans le bouclier, +30 euros sans remise à la pompe).

Les ménages modestes et ruraux premiers touchés

En valeur absolue, les 10% les plus aisés sont ceux qui ont vu leur niveau de vie le plus baisser face à la crise énergétique, avec une perte moyenne de 1230 euros. Alors que les ménages qui sont juste au-dessus du revenu médian ne perdent que 770 euros et pour les 10% les plus modestes, 300 euros. En revanche, les dépenses d'énergie représentant une part plus importante dans le budget des plus pauvres, les ménages modestes sont ceux qui ont subi la plus forte baisse en proportion de leur revenu (-2,3% entre janvier 2021 et juin 2022 pour les 30% les plus modestes contre -1,2% pour les 30% les plus aisés).

Face à ces hausses de prix, les 30% les plus pauvres ont bénéficié de 170 euros d'aides en moyenne, soit l'équivalent de 0,7% de leur revenu disponible, contre 60 euros pour les plus aisés (0,1%). Mais le bouclier tarifaire et la remise à la pompe qui vise à contenir la hausse des prix ont davantage profité aux 30% de ménages les plus aisés puisqu'ils ont diminué leurs dépenses de 350 euros environ, contre 210 euros en moyenne chez les 30% les plus modestes.

De la même manière, les ménages vivant en zones rurales - qui ont davantage de dépenses en fioul pour se chauffer et en carburant pour se rendre au travail - ont vu leur pouvoir d'achat baisser plus fortement que les autres avec une perte de revenu liée aux dépenses énergétiques de 910 euros en moyenne après versement des aides entre janvier 2021 et juin 2022 (-1,7%), contre 780 euros de perte pour les habitants des villes de moins de 20.000 habitants (-1,6%), 650 euros dans les villes de 200.000 à 2 millions d'habitants (-1,2%) et 580 euros pour les ménages de l'agglomération parisienne (-0,8%).

Rebond du pouvoir d'achat au second semestre 2022

Le pouvoir d'achat devrait toutefois rebondir au second semestre 2022, sous l'effet de la hausse des salaires (revalorisations, hausse du Smic), du versement de la prime de partage de la valeur, de la revalorisation du point d'indice de la fonction publique et des prestations sociales entérinée en juillet, ou encore d'autres mesures de soutien du gouvernement (remise carburant portée à 30 centimes, suppression de la redevance TV, etc.).

Autant d'éléments qui devraient permettre au pouvoir d'achat des Français de progresser de 0,8 et 0,7% au troisième et quatrième trimestre 2022, après -1,8 et -0,7% aux premier et deuxième trimestre.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco