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Débat Macron-Le Pen : ce qu'il faut retenir du face-à-face pour la présidentielle 2022

Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont échangé durant deux heures et demie, en direct sur TF1 et France 2, ce mercredi soir.

Elle lui expose les problèmes, il lui oppose des solutions. Ce mercredi soir, le débat d'entre-deux-tours entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen a rapidement tourné à l'avantage du président-candidat, son adversaire RN restant trop spectatrice. Silencieuse durant les deux premiers tiers de l'émission, comme paralysée par le traumatisme de sa prestation d'il y a cinq ans, cette dernière s'est finalement désinhibée en évoquant les questions liées au régalien et aux institutions. Match retour du face-à-face de 2017, la confrontation entre les deux finalistes de l'élection présidentielle de 2022 a donc été de meilleure tenue sur la forme, mais n'a cependant pas manqué de virer à l'affrontement par moments. Le Figaro revient sur les moments forts des échanges, diffusés en direct sur TF1 et France 2, qui ont duré deux heures et demie.

» EN DIRECT - Débat Macron-Le Pen : revivez le face-à-face de l'entre-deux-tours de la présidentielle 2022

Pouvoir d'achat, prix de l'énergie : le président-candidat attaque son adversaire

C'est la préoccupation première des Français. Alors qu'ils exposaient leurs mesures pour le pouvoir d'achat, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont opposés sur les salaires. La candidate RN propose d'exonérer de cotisations patronales supplémentaires les employeurs qui rehausseraient le revenu de leurs salariés de 10%. «Vous n'administrez pas les salaires. (...) Je ne voudrais pas que nos compatriotes pensent que ce sera de manière sûre sur leur feuille de paie. (...) Je ne voudrais pas que celles et ceux qui nous écoutent pensent, qu'avec vous, leur salaire va augmenter de 10%», lui a rétorqué le chef de l'État sortant, rappelant que les hausses resteraient au bon vouloir des entreprises, et qu'elle se contenterait d'une «incitation». «Cela ne sera pas automatique», a-t-il ajouté. Silencieuse lors de l'échange, Marine Le Pen a ensuite précisé qu'elle maintiendrait en place, si elle était élue, le bouclier tarifaire érigé face à l'explosion des prix de l'énergie. Une annonce saluée par le président-candidat, qui a toutefois rappelé que la députée RN avait «voté contre» cette mesure à l'Assemblée nationale.

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Guerre en Ukraine : «Vous dépendez du pouvoir russe», lance Macron à Le Pen

La guerre en Ukraine est devenue centrale dans la campagne. Au point qu'Emmanuel Macron a accusé sa concurrente de «dépendre du pouvoir russe» et «de Monsieur Poutine», en citant le prêt de 9 millions d'euros contracté en 2014 par le Front national (devenu Rassemblement national) auprès d'une banque russe, que le parti continue de rembourser. «Vous parlez à votre banquier quand vous parlez de la Russie, c'est ça le problème Madame Le Pen», a-t-il ajouté. La candidate RN s'est défendue de toute collusion avec le pouvoir russe, affirmant soutenir une «Ukraine libre». Elle a expliqué avoir été «obligée d'aller faire un prêt à l'étranger» face aux refus des banques françaises pour se financer. Avant de reprocher au président-candidat d'avoir enterré sa promesse de créer une «banque de la démocratie». «Nous sommes un parti pauvre, mais ce n'est pas déshonorant», a-t-elle conclu.

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Europe : le projet de Le Pen «consiste à faire sortir» la France de l'UE, juge Macron

Les stigmates d'il y a cinq ans ont la vie dure. Même si Marine Le Pen assure qu'elle souhaite bâtir une «Europe des nations» et non plus quitter l'Union européenne, Emmanuel Macron a raillé : «Quand vous aviez évoqué l'Europe et l'euro en 2017, ça avait tourné autour du franc et de l'écu. On avait pas bien compris ce qu'il se passait». Le président sortant a ensuite épinglé la proposition de la candidate RN sur la fin des travailleurs détachés, une mesure incompatible selon lui avec les traités européens. «En disant je choisis mes règles... Soit les autres vous suivent, parce que l'Europe on est 27 autour de la table. Soit vous faites bande à part, et ce que vous décrivez ressemble à une bande à part», a-t-il asséné. «C'est un projet qui ne dit pas son nom, mais qui consiste à faire sortir» la France de l'Union européenne, a-t-il prévenu. «J'ai beaucoup plus d'ambition que vous», a répliqué Marine Le Pen, étrillant le concept de «souveraineté européenne» défendu par son adversaire, dans la mesure où il n'existe «pas de peuple européen».

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À VOIR AUSSI - «Vous voulez toujours sortir de l'UE, mais vous ne le dites plus», tacle Macron face à Le Pen

Le Pen nie être «climatosceptique», accuse Macron d'être «climato-hypocrite»

Le sujet a été peu abordé ces dernières semaines. Défendant son bilan en matière d'écologie, Emmanuel Macron a reproché à sa concurrente d'être «climatosceptique» et de porter un programme n'ayant «ni queue ni tête à cet égard». «Je ne suis absolument pas climatosceptique, mais vous, vous êtes un peu climato-hypocrite», a répliqué la candidate RN. Selon Marine Le Pen, le président incarne même «le pire de l'écologie punitive» et a «accompagné des choses d'une grande violence pour les classes moyennes», comme l'incitation à l'achat de véhicules électriques ou le remplacement des chaudières à fuel. «Ça tombe toujours sur les mêmes, c'est toujours ceux qui n'ont pas les moyens», a-t-elle encore insisté, appelant à faire «une transition dans le temps» pour permettre aux Français d'«y faire face». Évoquant dans la foulée le nucléaire, la nationaliste a également fait valoir sa promesse de rouvrir la centrale nucléaire de Fessenheim. «Vous avez démarré votre mandat en fermant Fessenheim» alors qu'aucune raison de sécurité ne le justifiait, a-t-elle ainsi reproché au chef de l'État sortant. Il n'y avait «plus aucun investissement» depuis 2012, s'est-t-il défendu.

À VOIR AUSSI - «Vous, vous êtes un peu climato hypocrite», rétorque Marine Le Pen à Emmanuel Macron

Interdire le voile islamique conduirait à la «guerre civile», selon Macron

Favorable à l'interdiction du voile dans l'espace public pour «libérer les femmes» des «islamistes», Marine Le Pen a provoqué une vive réaction de son adversaire. Emmanuel Macron l'a accusée tour à tour de vouloir «créer la guerre civile», de proposer «une trahison de l'esprit français» et de «pousser une partie de nos compatriotes hors de l'espace public». «Vous n'avez pas lu ma loi», a répliqué Marine Le Pen. Réponse d'Emmanuel Macron, du tac au tac : «Non, mais j'ai lu la Constitution». La candidate du RN a assuré ne pas «mener de guerre» contre l'islam, assurant que sa proposition vise à «défendre la République» ; «l'égalité entre les hommes et les femmes» ; et la laïcité. Ces derniers jours, elle avait toutefois esquissé une inflexion à ce sujet, qu'elle a démentie mercredi soir.

» VÉRIF - Marine Le Pen peut-elle interdire le port du voile islamique dans l'espace public ?

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Accrochage sur le rôle et la représentativité de l'Assemblée

Ils ont tous les deux placé les institutions au cœur de leur projet. Dans une France en crise, Marine Le Pen a enjoint Emmanuel Macron d'«utiliser plus souvent» le Parlement après l'avoir négligé, selon elle, durant le quinquennat. Exposant sa vision d'une «renaissance démocratique», la candidate a également défendu le recours à la proportionnelle et au référendum d'initiative citoyenne (RIC), notamment pour les modifications constitutionnelles. En face, le président sortant l'a accusée de vouloir «éradiquer le rôle de l'Assemblée». «Vous proposez de ne pas respecter la Constitution française», a-t-il ajouté, lui reprochant de «court-circuiter les représentants». «Le peuple est souverain. C'est à lui directement de pouvoir changer la Constitution», a vivement répondu la candidate. Et d'insister sur «le gouvernement du peuple, par le peuple ou pour le peuple», pour «offrir aux Français cette essence démocratique». Enfin, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont accordés sur le manque de représentativité de l'Assemblée nationale, plaidant tous les deux pour que la proportionnelle s'applique à l'élection des députés lors des législatives qui suivront celles des 12 et 19 juin prochains.

«On est beaucoup plus disciplinés qu'il y a cinq ans», relèvent Macron et Le Pen

Une parenthèse légère au milieu d'un sujet grave. Constatant leur égalité quasi-stricte de temps de parole au moment d'évoquer la laïcité, Emmanuel Macron est intervenu pour souligner dans un sourire : «On est beaucoup plus disciplinés qu'il y a cinq ans, Madame Le Pen». «On vieillit», lui a répondu sur le même ton la candidate du RN. Avant que le président sortant réplique, courtois : «Je crois que c'est factuel. Je serai très respectueux à votre égard : vous ça ne se voit pas, moi j'ai peur que ça se voit davantage».


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320 commentaires
  • 2513355 (profil non modéré)

    le

    Erreur sur mon commentaire: Le boulet que le FRANCE traine, plus lourd chaque année, n'est pas de 300 milliards mais de: 3000 milliards d'€ une somme qui augmente chaque année et que les citoyens paieront tôt ou tard et même paient déjà.
    Salaires qui ne suivent pas l'inflation, retraites stationnaires, impôts qui deviennent indécents, travail ne permettant à nombre de citoyens de vivre décemment.
    Dépenses de l'état de plus en élevées, le nombre d'associations de tout crins qui vous harcellent journellement au téléphone, par poste et par e-mail et qui sont sponsorisées par l'Etat, manifestations de tous les corps de métiers de notre pays.
    Voilà ce qui est devenu endémique dans notre pays et qui ne changera pas soyez en certain.

  • 2513355 (profil non modéré)

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    Ce que je retiens du débat : peu de mesures proposées pour la réindustrialisation de la France, condamnée à être la cliente de la Chine, l’Allemagne, du Japon, des USA et bien d’autres.
    Ce qui la fait s’endetter un peu plus chaque année, trainer un boulet plus lourd chaque année d’endettement 300 milliards, de continuer à vendre ou plutôt solder le peu d’industrie qui nous reste.
    Ils auraient pu parler de rétablir ISF plus juste que l’IFI qui lui est payé par les gens aisés ou très aisés qui écarte les gens riches au de-là de 10 millions, d’ajouter des tranches jusqu’à 5% pour les grandes fortunes qui ne paient plus d’ISF ou l’IFI depuis l’élection M. MACRON.
    On aurait pu pour aider les jeunes entreprises de moins de 5 ans proposer aux contribuables de cet impôts de verser à ces dernières 50 à 75% de l’ISF en payant se solde au Trésor, cela aurait même satisfait l’ensemble de la population et peut-être encourager l’Etat à moins de dépenses inutiles On aurait pu demander à M. MACRON ce qu’il ferait avec 35€ de plus, glorieusement attribué au travailleur au plus bas de l’échelle, au final un peu plus de 1€ par jour, réellement pas à défiler.
    Je renvoie ces débatteurs dos à dos, ils seront tout les deux réunis dans mon enveloppe de vote.

  • 2513355 (profil non modéré)

    le

    En ce qui concerne le voile imposé par les Frères musulmans, NACER avait dit en EGYPTE : demain je ne veux plus un voile dans les rues, le lendemain la question était réglée, pas guerre civile, c'était un chef.
    Pour faire bonne mesure il avait collé les Dirigeants des Frères musulmans.