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Grève contre la réforme des retraites : manifestations, grèves, à quoi faut-il s'attendre cette semaine ?

Par
  • France Bleu

La mobilisation contre la réforme des retraites se poursuit cette semaine, avec notamment une nouvelle journée de manifestations mardi et la poursuite des grèves reconductibles dans les transports ou chez les éboueurs. Gouvernement et syndicats mettent en garde contre un risque de "chaos".

De nouveaux débordements sont-ils à craindre mardi ? De nouveaux débordements sont-ils à craindre mardi ?
De nouveaux débordements sont-ils à craindre mardi ? © Maxppp - Fred Dugit

La mobilisation contre la réforme des retraites semble prendre un tournant depuis plusieurs jours, l'exécutif et les syndicats mettant en garde contre un risque de "chaos", à l'orée d'une dixième journée de manifestations mardi. Outre cette journée de grève, à quoi doit-on s'attendre cette semaine ?

Des rassemblements... et des affrontements

Après plusieurs nuits tendues puis un court répit, la contestation de la réforme des retraites a repris dans plusieurs villes samedi, avec des cortèges rassemblant quelques centaines de personnes. Des "rassemblements de proximité" encouragés par l'intersyndicale et qui devraient se poursuivre dans la semaine, mais dont le sujet principal, la réforme, est éclipsé par des affrontements de plus en plus violents.

Des dégradations de mobilier urbain et des jets de projectiles sur les forces de l'ordre ont été rapportés ce samedi à Rennes lors du cortège anti-réforme, mais rien de comparable avec les "scènes de chaos" dans la capitale bretonne, dont s'était émue sa maire Nathalie Appéré lors de la manifestation de jeudi. Des débordements observés dans de nombreuses autres villes : commissariat attaqué à Lorient, porche de l'hôtel de ville incendié à Bordeaux, heurts et départs de feux innombrables à Paris. Face aux violences, l'exécutif rejette la faute sur une partie de ses opposants. "Je ne crois pas que ceux qui aujourd'hui tirent au mortier, tentent d'incendier" des bâtiments publics, "ont pour principal motivation la réforme des retraites", a déclaré dimanche Olivier Dussopt lors de l'émission politique de France Inter/France Télévisions et Le Monde. "Ils ont une volonté de désordre."

Les accusations de violences visent également les forces de l'ordre : pouce arraché pour une manifestants à Rouen, cheminot "éborgné" à Paris selon SUD-Rail, syndicats "visés par le canon à eau" à Rennes... Le Conseil de l'Europe s'est alarmé d'un "usage excessif de la force" et les critiques se concentrant sur la Brav-M, unité à moto chargée du maintien de l'ordre dans la capitale.

La "porte ouverte" de l'exécutif

Emmanuel Macron recevra lundi midi Elisabeth Borne et les principaux cadres de sa majorité, chefs de partis et quelques membres du gouvernement, afin d'affiner une stratégie pour tenter de sortir de la crise. La cheffe du gouvernement recevra mardi les présidents du Sénat, Gérard Larcher, et de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, avant de réunir en fin de semaine ministres et parlementaires sur l'éducation.

Elisabeth Borne recevra ensuite dans la semaine du 3 avril les groupes parlementaires et les partis politiques, y compris de l'opposition, ainsi que les représentants des collectivités, dans le but "d'apaiser le pays" et de "dialoguer avec tous les acteurs sur la méthode", a-t-elle annoncé dans un entretien à l'AFP. Un créneau est enfin prévu pour d'éventuelles rencontres avec les organisations syndicales et patronales la semaine suivante du 10 avril, a précisé la Première ministre.

"A-t-on besoin d'apaisement ? Evidemment et il y a une manière très simple de l'obtenir, c'est de retirer le texte", a estimé dimanche Jean-Luc Mélenchon sur LCI*. "Le sujet c'est, est-ce que madame Borne doit s'en aller. Évidemment oui",* a ajouté l'ancien candidat LFI à la présidentielle. Dans un entretien à la revue Le Grand Continent, le patron de la CFDT, esquisse une porte de sortie en suggérant que les syndicats demandent "non pas le retrait de la loi, mais sa suspension" , ce qui donnerait selon lui le temps "de trouver un compromis social plus intelligent". Laurent Berger rappelle que la réforme des retraites vise à générer "à peine 10 milliards d'euros d'économies" et juge "proprement absurde de risquer de faire sombrer la France dans le chaos pour si peu".

Sans se faire d'illusion toutefois puisque Emmanuel Macron a indiqué vendredi "attendre la décision du Conseil constitutionnel" sur la réforme des retraites - d'ici trois semaines - tout en se disant "à la disposition" des syndicats "pour avancer tout de suite" sur d'autres sujets comme les salaires et les conditions de travail. "Ma porte est ouverte et celle de l'Elysée aussi. Sur tous le sujets qui sont devant nous", a glissé M. Dussopt assurant qu'il n'y aura "pas de pause" dans les réformes.

Un nouvelle journée de mobilisation

Une nouvelle grande journée de mobilisation est prévue mardi, la dixième de l'intersyndicale, avec notamment un cortège parisien qui défilera de la place de la République à Nation. Le 23 mars, entre 1,089 million de manifestants (Intérieur) et 3,5 millions (CGT) ont défilé dans plus de 300 villes lors de la 9e journée de mobilisation contre la réforme.

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Les grèves reconductibles

  • Dans les transports

Ce lundi, la SNCF prévoir 4 TGV sur 5, 2 TER sur 3 et 2 Intercités sur 3, alors que la grève reconductible se poursuit depuis plus de trois semaines. Par ailleurs, le trafic sera "fortement perturbé" mardi, à l'occasion de la dixième journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, sans plus de précisions pour le moment.

SNCF : les prévisions de trafic lundi 27 mars 2023.
SNCF : les prévisions de trafic lundi 27 mars 2023. © Visactu

En Ile-de-France, le trafic sera "très perturbé" mardi sur le réseau RER, avec en moyenne un train sur deux sur les lignes A et B, a annoncé dimanche la RATP. Dans le métro parisien, les perturbations devraient être moindres que la semaine dernière, même si la majorité des lignes connaîtront des réductions de fréquence de passage des rames et/ou des restrictions d'horaires. La RATP invite tous les voyageurs qui en ont la possibilité à privilégier le télétravail ou à différer leurs déplacements.

  • Dans les airs

Le trafic aérien va rester perturbé au moins jusqu'à mercredi en raison de la grève de contrôleurs aériens.

À Marseille, les compagnies devront également annuler 20% de leur programme lundi, tout comme à Paris-Orly le même jour.

Mardi et mercredi, ce seront 20% des vols qui seront affectés à Orly, Marseille, Toulouse et Bordeaux, a annoncé vendredi soir la DGAC.

  • Chez les éboueurs

Le volume de déchets non ramassés dans Paris, où des éboueurs sont en grève depuis plus de 20 jours, était en baisse dimanche avec 7.828 tonnes toujours en souffrance, mais de nouveaux arrondissements pourraient être touchés dès lundi. Cette amélioration, notable dans certains quartiers, est notamment due à la réouverture des trois usines d'incinération entourant la capitale.

Ces progrès restent toutefois précaires : alors que la grève était jusqu'ici essentiellement l'apanage des éboueurs de la Ville de Paris, qui gère la collecte de la moitié de arrondissements de la capitale, elle pourrait s'étendre à des prestataires privés. Un préavis de grève a notamment été déposé par la CGT pour l'entreprise Polyreva Derichebourg qui s'occupe de la collecte des Xe et XVIIIe arrondissements.

  • Dans les raffineries

Plusieurs raffineries sont toujours à l'arrêt ou presque. La plus grande de France, la raffinerie TotalEnergies de Gonfreville-l'Orcher en Seine-Maritime, a reconduit la grève jusqu'à lundi au moins, après la réquisition de salariés vendredi. Après le déboutage de sa requête en référé contestant la légalité des réquisitions, la CGT réfléchissait dimanche à un recours devant le Conseil d'Etat.

La raffinerie Petroineos de Lavéra, dans les Bouches-du-Rhône, est à l'arrêt. La raffinerie Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime) devait elle aussi être mise à l'arrêt samedi, faute de pétrole brut à raffiner en raison d'une grève au dépôt pétrolier du Havre.

Les expéditions sont interrompues à la raffinerie TotalEnergies de Donges (Loire-Atlantique) et  à la bioraffinerie TotalEnergies de la Mède (Bouches-du-Rhône). Les débits sont réduits à la raffinerie TotalEnergies de Feyzin (Rhône) ainsi qu'à la raffinerie Esso-ExxonMobil de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône).

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