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Les enjeux du discours de politique générale d'Elisabeth Borne

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Après plusieurs semaines agitées pour l'exécutif, la perte de la majorité absolue à l'Assemblée et un premier remaniement, la Première ministre se présentera devant les parlementaires ce mercredi pour sa déclaration de politique générale. Une première épreuve du feu pour Elisabeth Borne.

La France Insoumise a déjà annoncé déposer une motion de censure contre le gouvernement. La France Insoumise a déjà annoncé déposer une motion de censure contre le gouvernement.
La France Insoumise a déjà annoncé déposer une motion de censure contre le gouvernement. © Maxppp - Luc Nobout

Deux mois et demi après le second tour de l'élection présidentielle, la Première ministre est attendue au tournant, ce mercredi. Elisabeth Borne se présentera d'abord devant les députés à 15 heures, puis devant les sénateurs à 21 heures, pour la traditionnelle "déclaration de politique générale", qui lui permettra d'exposer à la fois son style et son programme, au premier rang duquel figure le très attendu projet de loi sur le pouvoir d'achat.

Pas de vote de confiance

La cheffe du gouvernement ne sollicitera pas de vote de confiance des parlementaires. Après décompte des voix, avec une majorité présidentielle relative depuis les élections législatives, "nous ne sommes pas certains que les conditions de cette confiance auraient été réunies", a justifié lundi après-midi le nouveau porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, à l'issue du premier Conseil des ministres Borne II. Ce vote, conformément à l'article 50-1 de la Constitution, n'est pas obligatoire.

En leurs temps, les Premiers ministres Michel Rocard, Edith Cresson ou Pierre Bérégovoy, sous François Mitterrand, avaient également dérogé à la tradition, disposant eux-aussi d'une majorité relative dans l'hémicycle. 

Sans majorité absolue, le gouvernement d'Elisabeth Borne devra chercher des majorités au cas par cas, selon les textes. "La confiance ne se décrète pas a priori, elle se construit patiemment texte après texte", a lancé M. Véran, qui a estimé que la main était "tendue avec bienveillance" aux parlementaires des oppositions.

Pas sûr que cette main tendue soient accueillie avec bienveillance en retour, en revanche. Et les débats qui suivront le discours d'Elisabeth Borne s'annoncent agités. Les leaders de l'opposition devraient "tous appuyer là où ça fait mal, sur son impossibilité à se soumettre à un vote confiance" même si le gouvernement en retour va "rappeler qui est majoritaire, même relativement", analyse Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof-Sciences Po.

Une motion de censure déposée

Avant même le discours de politique générale d'Elisabeth Borne, la France insoumise (LFI), qui entend faire pression sur la Première ministre, a déjà annoncé vouloir déposer une motion de censure dès mercredi. Si le dépôt en lui-même nécessite un dixième des parlementaires, la motion doit ensuite être adoptée à la majorité absolue pour renverser effectivement le gouvernement. La motion a donc peu de chances d'aboutir. 

Tous les groupes parlementaires de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes) ont indiqué voter la motion de censure, mais ni le Rassemblement national (RN) ni Les Républicains (LR) ne s'y associeront. "Nous on n'est pas là pour tout bloquer tout casser, on est là pour proposer des solutions", a expliqué le porte-parole du RN Sébastien Chenu. "On ne sera pas dans la course au bruit", a aussi affirmé le chef de file des députés LR Olivier Marleix, qui attend d'Elisabeth Borne un "changement de méthode" et "un peu plus d'écoute des oppositions".

"Personne n'a intérêt au blocage", a martelé Olivier Véran ce lundi, se disant "convaincu" que la motion de censure promise par La France insoumise ne recueillerait pas de majorité.

La composition de la nouvelle Assemblée nationale.
La composition de la nouvelle Assemblée nationale. © Visactu -

Premier défi : le pouvoir d'achat

Avec une inflation qui a encore atteint 5,8% en juin, du jamais vu depuis près de 40 ans, le pouvoir d'achat devrait donc être évoqué en priorité par la Première ministre lors de son discours de politique générale. D'autant que le projet de loi sur le pouvoir d'achat, qui sera présenté dès jeudi en Conseil des ministres puis débattu dans l'hémicycle à compter du 18 juillet, sera le premier dossier d'envergure de ce nouvel exécutif. 

Le texte comprendra un paquet de mesures d'environ 25 milliards d'euros censé atténuer les effets de l'inflation sur les ménages et sera scruté à la loupe par l'opposition, et notamment par la commission des Finances, désormais présidée par Éric Coquerel, député La France insoumise. Un projet annoncé depuis des semaines mais suspendu aux élections législatives puis au remaniement. 

Parmi ces mesures : un chèque alimentaire de 100 euros et 50 euros supplémentaires par enfant, la prolongation de la remise carburant de 18 centimes et du bouclier tarifaire sur l'énergie, une revalorisation des retraites, des minimas sociaux et de la rémunération des fonctionnaires, la prime Macron, la suppression de la redevance TV, etc. : le gouvernement prévoit d'agir tous azimuts, après plus de 25 milliards d'euros déjà dépensés depuis fin 2021, en particulier pour compenser la hausse des prix de l'énergie.

Le "style" Borne

Enfin, sur la forme plus que sur le fond, le discours de politique générale doit également permettre à Elisabeth Borne d'imprimer son style. Discrète, acharnée du travail et réputée "technicienne", la cheffe du gouvernement saura-t-elle s'attirer la sympathie des Français ? Pour les convaincre eux aussi, la Première ministre sera mercredi soir "l'invitée exceptionnelle du JT de 20h de TF1, en direct sur le plateau du journal", a annoncé mardi soir la chaîne de télévision.

"Autant Edouard Philippe avait immédiatement imposé son style, avec un mélange de sérieux et d'humour, comme Jean Castex avec sa bonhomie, son accent du sud, qui inspiraient une forme assez simple d'exercice du pouvoir, autant on n'a pas d'indications en ce qui concerne Elisabeth Borne", Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof-Sciences Po. 

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