L’épreuve de force continue. Les opposants à la réforme des retraites vont à nouveau manifester partout en France, mardi 28 mars, pour une dixième journée d’action pour laquelle au moins 150 rassemblements sont prévus. Surprises par l’ampleur de la mobilisation jeudi – 1,09 million de participants selon le ministère de l’intérieur, plus de 3 millions d’après les syndicats – les autorités tablent cette fois-ci sur un total de 650 000 à 900 000 manifestants, dont 70 000 à 100 000 à Paris.
Dans la capitale, le cortège reliera, dans l’après-midi, la place de la République à celle de la Nation. Accusées de violences par les manifestants, les forces de l’ordre s’apprêtent à faire face à « une présence des jeunes nettement plus importante », selon une source policière qui pronostique « un doublement, voire un triplement » de leur nombre par rapport aux précédentes mobilisations. Les heurts lors des dernières manifestations, puis les affrontements autour de la bassine de Sainte-Soline durant le week-end, attestent d’un climat délétère, et font craindre une journée à haut risque.
Gérald Darmanin compte envoyer sur le terrain 13 000 policiers et gendarmes, dont 5 500 à Paris, un « dispositif de sécurité inédit », a souligné, lors d’une conférence de presse, le ministre de l’Intérieur qui a appelé « solennellement chacun et chacune au calme » et évoqué la présence possible à Paris de « plus de 1 000 éléments radicaux ».
Le mouvement social repart avec son lot habituel de grèves et de blocages. Des désagréments assumés par les syndicats, à commencer par la CGT, dont le leader sortant, Philippe Martinez, a répété lundi que « l’objectif, c’est le retrait » de la réforme et qu’« il n’y a aucune raison de ne pas y croire ».
- Le trafic SNCF « fortement perturbé »
La circulation des trains, perturbée depuis trois semaines, reste limitée, avec notamment trois TGV sur cinq, et un TER sur deux. La SNCF recommande aux voyageurs qui le peuvent d’annuler ou reporter leurs déplacements prévus mardi. En revanche, les circulations seront « quasi-normales » pour Eurostar et Thalys, selon un communiqué. SNCF Voyageurs prévoit du mieux mercredi, mais prévient que les circulations des trains « resteront perturbées sur certaines lignes ».
Du côté de la concurrence, Trenitalia annonce la suppression de quatre trains sur dix, à savoir les allers-retours Paris-Lyon et Paris-Lyon-Milan en fin de journée.
Difficultés également dans les transports parisiens, avec 40 % des RER supprimés sur les lignes A et B, a indiqué la RATP, lundi. Le trafic est également réduit sur la plupart des lignes de métro, sauf sur les lignes automatisées 1 et 14 et sur la 3bis, la 7bis et la 9. Un certain nombre de stations, notamment le long du parcours de la manifestation prévue entre la République et la Nation, seront fermées.
Le trafic des autobus et tramways sera en revanche normal.
- Des pénuries de carburants
Se déplacer en voiture n’est pas forcément plus simple, avec 15 % des stations-service à court d’au moins un carburant, surtout dans l’Ouest et le Sud – conséquence de l’arrêt de cinq des sept raffineries du pays. Le département le plus touché reste la Loire-Atlantique (55,06 % des stations en pénurie d’au moins un carburant).
A ce stade, deux des sept raffineries continuent de produire en France, celle d’Esso-Exxon-Mobil de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et celle de TotalEnergies de Feyzin (Rhône), qui tourne « en service à débit réduit », selon la direction du groupe.
- Toujours des déchets dans les rues de Paris
Deux des trois sites parisiens d’incinération des déchets étaient toujours bloqués lundi, et 7 300 tonnes d’ordures jonchaient encore les rues de Paris – contre 8 000 dimanche et 10 500 – vendredi, ont annoncé la Ville et le syndicat métropolitain Syctom.
La société privée de traitement des déchets Derichebourg a fait savoir lundi que le préavis de grève déposé par la CGT il y a une semaine avait été levé, permettant d’éviter une grève dans les Xe et XVIIIe arrondissements de la capitale. A Paris, la collecte quotidienne des ordures ménagères est assurée pour moitié par la régie de la ville de Paris et pour l’autre par des prestataires privés.
- Grève dans l’enseignement
Dans l’enseignement primaire, 30 % des professeurs seront en grève selon la FSU, principal syndicat.
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