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Retraite

Réforme des retraites: unis, les syndicats prêts à la mobilisation

Le gouvernement doit dévoiler le contenu de sa réforme des retraites le 10 janvier. S'il s'obstine à vouloir relever l'âge légal de départ, les syndicats promettent d'appeler à descendre dans la rue.

Un report de l'âge légal à 65 ans ou un relèvement à 64 ans accompagné d'une accélération de la réforme Touraine? Peu importe pour les syndicats qui -c'est assez rare pour le signaler- contestent unanimement la philosophie de la réforme des retraites de l'exécutif.

Alors que le gouvernement doit dévoiler son projet le 10 janvier, les organisations représentatives des salariés sont déjà dans les starting-blocks pour s'opposer à ce texte dans la rue. Et elles comptent bien afficher un front uni jusqu'au bout pour donner du poids à leur futur appel à mobilisation:

"On veut tellement le faire ensemble qu'aucun d'entre nous ne va le déclarer tout seul à la radio ou TV. Ça ne veut pas dire qu'on sera d'accord sur tout, on n'a pas la même approche. Mais on ne veut pas ce recul de l'âge légal", a déclaré Laurent Berger.

"Un conflit social très dur, très profond"

L'ensemble des syndicats prévoient d'ores et déjà de se réunir juste après la présentation de la réforme, le 10 janvier: "Il y aura des annonces. Dans la foulée, on se réunit et on avise (...). On annoncera des mobilisations en commun si ça reste tel quel", a précisé le patron de la CFDT.

De son côté, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a dénoncé mercredi une réforme des retraites "dogmatique" décidée "sans tenir compte de l'avis syndicats, avis unanime" et prédit des "mobilisations importantes dès ce mois de janvier". A l'issue de sa rencontre avec Elisabeth Borne, le leader de la centrale de Montreuil a dit avoir informé la Première ministre "avec un peu d'humour (...) qu'elle avait réalisé un exploit: ça faisait 12 ans que l'ensemble des organisations syndicales dans ce pays ne s'étaient pas unies contre une réforme".

Si le président de la CFTC, Cyril Chabanier, a pour sa part fait état de propositions "intéressantes" du gouvernement, notamment sur le minimum retraite, il regrette que l'exécutif "s'enferme" sur la question du recul de l'âge, ce qui pourrait conduire selon lui à un mois de janvier "chaud". Même son de cloche à l'Unsa dont le secrétaire général, Laurent Escure, s'attend à "un conflit social très dur, très profond".

"On se réunira pour dire où et quand. Mais il y aura une mobilisation et une forte mobilisation. En plus de l'ensemble des organisations syndicales, une majorité des Français sont contre un recul de l'âge de départ. Si on gouverne contre son pays, contre les citoyens et contre les organisations syndicales… Ça ne marchera pas", a abondé Frédéric Souillot, secrétaire général de Force ouvrière. La mobilisation "est en train de se mettre en place, mais ce n'est pas encore calé", affirme également Dominique Corona, secrétaire général adjoint de l'Unsa en charge des retraites.

Les militants prêts à se mobiliser

Les syndicats n'ont pas attendu la nouvelle année pour préparer la riposte. Voilà des semaines qu'ils sillonnent la France pour mobiliser leurs troupes. En moins de trois mois, FO a fait plus de 180 déplacements en région. Dominique Corona a quant à lui effectué un "tour de France sur les retraites" en décembre pour échanger avec les militants et citoyens, et le constat est clair: "Je suis allé dans quelques villes, quelques régions. Tout le monde est sur la même ligne: c'est non" à la réforme.

Certaines organisations ont également posté des vidéos sur leur site internet pour préparer le mouvement, tandis que d'autres ont ressorti les stocks de doudounes estampillées de leur logo.

La confiance semble de mise: avant même les fêtes de fin d'année, lorsque les organisations s'étaient réunies en intersyndicale pour discuter des mobilisations à venir, leurs représentants assuraient déjà que les caisses de grève étaient suffisamment remplies pour bloquer le pays pendant plusieurs jours et que les militants étaient remontés à bloc. A tel point que le sujet, à ce moment-là, n'était pas tant de savoir si ces derniers se mobiliseraient, mais plutôt de les convaincre de ne pas se lancer trop tôt, au risque de gâcher les fêtes de fin d'année et de voir l'opinion publique se retourner contre eux.

Paul Louis et Caroline Morisseau avec AFP