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Retraite, assurance chômage : les réformes qui attendent les cadres à la rentrée

Les décrets sur la dégressivité des allocations chômage, publiés fin juillet 2019, entreront en vigueur en novembre. D’ici là, on devrait aussi en savoir plus sur la réforme des retraites, qui demeure encore floue… bien qu’une certitude demeure : les cadres seront impactés. Retour sur ce qui les attend à partir de septembre.

 

La dégressivité des indemnités chômage pour les hauts revenus

La réforme de l’assurance-chômage, chantier majeur de la seconde partie du quinquennat, prévoit l’introduction de la dégressivité des allocations chômage, pour les 10 % des salariés les mieux payés. Ces cadres à très hauts revenus (plus de 4 500 euros brut) verront leur indemnisation réduite de 30 % à partir de 7e mois de chômage – avec un plancher fixé à 2 261 euros nets, sous lequel l’allocation ne pourra baisser.

« Concrètement, cela signifie que pour celles et ceux qui ne retrouveront pas immédiatement de travail, le montant des allocations chômage baissera et ne leur permettra plus de maintenir leur niveau de vie. Cadres ou non, cette situation nous concerne tous et toutes car une fois expérimentée, n’en doutons pas, la dégressivité sera étendue à tous les autres salariés au prétexte de l’équité », déplorent les syndicats Ugict et CFE-CGC, dans une pétition. Selon eux, le gouvernement « stigmatise » les cadres, en « prétendant que ces derniers sont des favorisés, et que le montant trop ‘généreux’ de leurs allocations chômage ne les incite pas » à chercher un travail. D’après eux, Edouard Philippe et Muriel Pénicaud « oublieraient » aussi que les cadres, étant peu au chômage, touchent des cotisations qui représentent 42 % des ressources du régime, et des allocations qui comptent seulement pour 15 % des dépenses.

Les décrets sur la dégressivité des allocations chômage, publiés fin juillet 2019, entreront en vigueur en novembre.

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Retraite : des cadres supérieurs qui cotiseront moins

La réforme des retraites, dévoilée en juillet dernier mais encore assez obscure, devrait également être présentée plus en détail durant l’automne. Parmi les mesures destinées à créer un « système universel » d’ici 2025, le remplacement des multiples barèmes de calcul des retraites et des 42 régimes spéciaux par un régime unique, où chaque euro cotisé serait converti en points tout au long de la carrière. Ce qui devrait ainsi signifier la fusion des régimes Agirc-Arrco.

Si la réforme devrait se traduire par une augmentation des cotisations retraite en 2019 (et donc du pouvoir d’achat), elle risque aussi d’entraîner pour les cadres une baisse de ces mêmes cotisations. En effet, d’après le rapport Delevoye qui dessine les contours des mesures à venir, le taux de cotisation sera identique pour les salariés (28,12 %), mais s’appliquera jusqu’à 120 000 euros de revenus (soit trois fois le plafond de la Sécurité sociale). Au-delà, une cotisation de 2,81 % s’appliquera. Elle ne sera pas créatrice de droits et participera au financement de la solidarité. « Ainsi, les cadres supérieurs, qui paient aujourd’hui des cotisations jusqu’à 8 plafonds de la Sécurité sociale (soit 320 000 euros bruts par an), devraient à partir de 2025 ne payer que 3 plafonds. Ils paieront moins de cotisations, ce qui signifiera aussi moins de droits à la retraite, donc des pensions finalement plus faibles », déplore Sophie Binet, co-secrétaire générale de l’Ugict-Cgt.

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« Plus vous aurez un salaire de fin de carrière éloigné de celui du début, plus vous serez défavorisé »

Selon le syndicat, la prise en compte de l’ensemble de la carrière au lieu des 25 meilleures années dans le privé, devrait également pénaliser les cadres : « avec ce système, celles et ceux qui ont eu des carrières ascendantes seront particulièrement perdants. Plus vous aurez un salaire de fin de carrière éloigné de celui du début, plus vous serez défavorisé ».

« Alors que le nombre de retraités augmentera de 37 % en 2050, le niveau de financement du système devrait rester à ressources constantes, ce qui se traduira par un effondrement du niveau des pensions par rapport aux salaires de fin de carrière… pour le plus grand bonheur des banques et des assurances », ajoute Sophie Binet, qui craint que les cadres se tournent vers les « fausses solutions » de l’épargne individuelle et de la capitalisation.

À noter qu’à court terme, le gouvernement prévoit de ne réindexer (en 2020) sur l’inflation que les pensions inférieures à 2 000 euros – et donc de continuer à « sous-indexer » les autres, qui devront attendre 2021. Comme le note Challenges, il devrait s’agir d’un « quasi-gel » des pensions des cadres retraités, préjudiciables pour le porte-monnaie d’une population qui a vu son pouvoir d’achat chuter de 15 % depuis 1992, alors que celui des ex-salariés non-cadres a baissé de 4 %.

 

Pour 38% des cadres, le gouvernement veut supprimer leur statut

Le statut des cadres risque-t-il d’être menacé par ces deux réformes à venir ? Selon un sondage Ifop / Cadremploi, 38% d’entre eux estiment que le gouvernement souhaite à terme le supprimer. Enfin, plus de 6 cadres sur 10 font état d’un « sentiment négatif quant aux différentes mesures économiques et sociales prises depuis le début du quinquennat » – 28% d’entre eux se sentent « fragilisés », 19 % « attaqués » et 17 % « stigmatisés ».

 
 

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