Retraites : Macron veut réformer coûte que coûte

  • La proposition d'Emmanuel Macron d'intégrer la réforme des retraites au PLFSS fait grincer des dents jusque dans la majorité.
    La proposition d'Emmanuel Macron d'intégrer la réforme des retraites au PLFSS fait grincer des dents jusque dans la majorité. POOL - LUDOVIC MARIN
Publié le , mis à jour

l'essentiel Le président de la République n’a pas renoncé à sa réforme des retraites malgré la crise énergétique. Il imagine la présenter à l’Assemblée dès cet automne dans le cadre du projet de loi de Finances de la Sécurité sociale bien qu’il ait, ce jeudi 15 septembre, semblé faire marche arrière. Le scepticisme est de mise jusque dans la majorité.

« Le problème, c’est que l’on a éduqué les Français dans l’idée que le bonheur commençait à l’âge de la retraite, donc peu de gens resteront indifférents si l’on tente de leur voler même un quart de ce bonheur… » L’oiseau de mauvais augure qui fait cette confidence à La Dépêche, est directeur d’un célèbre think tank et parle à de nombreux ministres. Mais cette fois, il semble ne pas avoir été entendu.

Emmanuel Macron a en effet annoncé devant l’Association de la presse présidentielle réunie à Nanterre en début de semaine, que non seulement il maintenait son projet de réforme des retraites, mais qu’il imaginait même en accélérer le tempo. Selon lui, la France va avoir à investir massivement sur la santé et sur l’école, or la question, a-t-il assuré, c’est « comment on le finance ».

« On ne peut pas attendre »

De son point de vue, il existe trois pistes qui doivent s’additionner : produire plus de richesse, augmenter la quantité de travail en réduisant le chômage – d’où la réforme de l’assurance chômage – et réformer les retraites. « On ne peut pas attendre », a-t-il assuré, n’excluant pas, au lieu de discuter d’un texte dédié, glisser cette réforme au sein du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) qui doit être débattu à l’Assemblée en octobre. Ce jeudi 15 septembre, il a cependant semblé faire marche arrière, assurant devant les préfets : « Le gouvernement la conduira par la concertation sociale et en cherchant les compromis ».

Dès lundi, l’annonce a, en effet, fait hurler les syndicats qui seraient, de facto, exclus des négociations. Les partis d’opposition sont aussi montés au créneau pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un déni de démocratie. « Si Emmanuel Macron (se servait du PLFSS) pour s’attaquer aux retraites, c’est-à-dire contourner un débat sur le sujet, il va se trouver confronté à une opposition totale de notre part », a lancé Marine Le Pen sur France 2 mardi dernier. « Le président de la République doit respecter un minimum le dialogue social dans notre pays », a assuré, pour sa part, Olivier Marleix le patron des députés LR. « Ce serait une déclaration de guerre, nous confiait, ce jeudi, le député Insoumis Manuel Bompard qui imagine déjà « une motion de censure » et « une réponse dans la rue ».

Le risque d’une dissolution de l'Assemblée est en effet dans toutes les têtes

Mais les réticences ne sont pas cantonnées aux oppositions. Au sein du gouvernement, et dans la majorité à l’Assemblée, des critiques se sont fait entendre, bien qu’exprimées plus discrètement. Sur le fond d’abord : « En 2019, on pouvait dire que la réforme Delevoye était légitime car elle améliorait le système mais là, ce qui est proposé ne prend en compte que l’aspect financier pour dégager des marges budgétaires. La poutre a sérieusement bougé », grince un ministre. Sur la forme surtout : « j’adore le hard rock, ma fille porte des tee-shirts ACDC, le trash ça ne me fait pas peur mais là j’atteins mes limites. Le combo retraites/assurance chômage, ça va être compliqué », nous assurait une autre…

Du côté des députés Renaissance, l’enthousiasme est tout aussi modéré. Le risque d’une dissolution de cette Assemblée sans majorité absolue est en effet dans toutes les têtes et certains se disent qu’en ayant voté la réforme des retraites, ils auraient bien peu de chance d’être réélus. « Je pense que le jour du vote, si le Président passe par le PLFSS, il y aura beaucoup d’absents », assure un pilier du parti présidentiel.

Reste une question qui taraude oppositions comme majorité : pour quelle raison le Président veut-il aller vite ? Pour certains, il s’agit de reprendre le leadership. Après une rentrée parlementaire en juillet qui ne lui a que peu laissé la main. Emmanuel Macron espère, en imposant cette réforme envers et contre tous, montrer qu’il peut réformer malgré un contexte politique compliqué. Une façon de redevenir le maître des horloges qui n’est pas sans risque. Une ministre confiait, mercredi à La Dépêche : « Je n’image pas la violence des débats à l’Assemblée, ça va ressembler au mariage pour tous. »

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Les commentaires (74)
JeanclaudeM Il y a 1 année Le 18/09/2022 à 07:00

Oui, la réforme est indispensable .
Il faut que "les petits salaires" qui ont travaillé toute leur vie pour le SMIC acronyme, et cela ne s'invente pas de: Salaire Minimum de Croissance (!), ne "partent" pas à la retraite à 62,63,64,65 ans (Et plus si "affinité") avec une pension de 700 € "Plus" une "complémentaire" de 250 € soit moins de 1000 € brut mensuel ...
A condition bien entendu que votre employeur vous ai cotisé à une complémentaire, et bien évidemment pour une carrière complète "à plein temps"...

POLOGNE Il y a 1 année Le 17/09/2022 à 20:08

Qu'il commence par attendre ses 62 ans pour toucher la sienne en tant que président, idem pour Sarkozy et Hollande, sans oublier les avantages en nature et suppression du personnel administratif et garde-de-corps qui représente une fortune en tant que masse salariale . Même régime pour les parlementaires qui cumulent une retraite quel que soit l'âge à chaque mandat ! Quand un petit ouvrier a travaillé et cotisé toute sa vie pour atteindre 1 000 €/mois, alors qu'un résident(ou pas) en France sans avoir cotisé peut toucher le double avec une accumulation de primes et d'allocations !

Predator31 Il y a 1 année Le 17/09/2022 à 17:39

Comment cela va t'il se passer avec Macron pour l'immigration ? "
Mais comme d'habitude ! Les plus courageux trouveront peut être un travail, d'autres éventuellement feront peut être souche ! Pour les autres je serai plus sceptiques ! Nous continueront a les entretenir ou ils se regrouperont avec d'autres de mêmes provenances et ce sera les errements que nous connaissons déjà que trop avec les résultats qui font parfois la Une de nos émissions de TV ou de la presse écrite ! Macron taxera sans doute encore un peu plus
les français jusqu'au point de rupture et nous connaissons la suite ! A part de rares exceptions il est difficile de faite cohabiter des humains qui ne partagent rien de leurs coexistences, modes de vies, et point sensible s'il en est, la religion pour ceux qui n'auront que cela pour se raccrocher. Je souhaite bien du courage a la municipalité et aux habitants de cette bourgade. Mais " à cœur vaillant rien d'impossible ! " N est-ce pas ?