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Sobriété énergétique, écologie, école, emploi : quels sont les dossiers de la rentrée pour l'exécutif ?

Emmanuel Macron et Élisabeth Borne se réunissent pour un dîner de travail mardi soir avant le Conseil des ministres de rentrée mercredi. Manque de professeurs à l'école, menaces de pénuries d'énergie, planification écologique, budget... les dossiers s'empilent pour l'exécutif.

Élisabeth Borne préparera les dossiers de la rentrée mardi lors d'un dîner avec Emmanuel Macron. Élisabeth Borne préparera les dossiers de la rentrée mardi lors d'un dîner avec Emmanuel Macron.
Élisabeth Borne préparera les dossiers de la rentrée mardi lors d'un dîner avec Emmanuel Macron. © AFP - Xose Bouzas

Trouver des professeurs pour la rentrée des classes, promouvoir la sobriété énergétique pour éviter les pénuries cet hiver, créer une planification écologique dans un contexte de sécheresse et suite à un été marqué par des incendies monstres, ou encore la réforme de l'assurance-chômage. Autant de dossiers qui attendent le gouvernement qui se réunira ce mercredi pour le premier Conseil des ministres après les congés d'été. Pour le préparer, Emmanuel Macron et Élisabeth Borne se retrouvent pour un dîner, mardi soir. Avant une reprise des travaux au Parlement en octobre. 

Emmanuel Macron lancera le Conseil national de la refondation (CNR) le 8 septembre. Le CNR doit associer élus, acteurs économiques et sociaux et citoyens à la concertation, sur les thèmes de l'école, de la santé et des services publics. Mais les mesures n'attendront pas ses conclusions, voici quelques chantier prioritaires sur lesquels planchent l'exécutif. 

Trouver des professeurs 

Alors que 4.000 places d'enseignants étaient non-pourvues début juillet à l'issue des concours de l'Éducation nationale, le gouvernement a promis qu'il y aurait bien un enseignant par classe le 1er septembre prochain. Pour y remédier le ministre Pap Ndiaye a confirmé faire appel à des enseignants contractuels, "dont la part demeure très modeste avec 1% dans le premier degré et 8% dans le second degré". Le ministre de l'Éducation nationale se rend ce mardi dans l'Académie Créteil pour rencontrer les membres de la "cellule de rentrée", ces cellules ont été mises en place ce lundi dans tous les rectorats et s'attèlent à trouver des enseignants.

Une solution qui ne satisfait pas les syndicats. "Enseignant, c'est un métier qui s'apprend", rappelait Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, ce lundi sur franceinfo alors que les contractuels recrutés cet été s'apprêtent à suivre une formation de "quelques jours" cette semaine. Selon la professeure de sciences économiques et sociales_, "il est illusoire de penser qu'en quelques jours de formation on va pouvoir acquérir les bons réflexes, les bons gestes professionnels"_.

La secrétaire générale du SNES-FSU rappelle que des solutions existent pour rendre plus attractif le métier d'enseignant : "augmenter les salaires" et améliorer les conditions de travail "sans contrepartie".

Une grande concertation sur l'école lancée en septembre

Le 14 juin dernier, le ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye, a annoncé que la grande concertation autour de l'école promise par Emmanuel Macron durant la campagne se ferait "dès le mois de septembre" et qu'elle durera jusqu'à fin 2022. Par ailleurs, "la poursuite de la revalorisation des professeurs, engagée sur la seconde partie du précédent quinquennat, et la revalorisation à venir dans le cadre du pacte avec les enseignants, feront l'objet d'une concertation", a insisté Pap Ndiaye.

Orchestrer la "sobriété énergétique" pour éviter les coupures

C'était un des devoirs de vacances des ministres. Lors de son traditionnel discours du 14 juillet, Emmanuel Macron a annoncé que l'État allait préparer dans l'été un "plan de sobriété" énergétique, pour faire face au risque de pénurie liée à la guerre en Ukraine. "On va essayer de faire attention collectivement le soir aux éclairages qui sont inutiles, on va faire un plan pour les administrations publiques, on va faire un plan de sobriété", a-t-il précisé.

La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher annonce ce lundi que la France va d'ici "la fin de l'été" unifier les règles d'interdiction des publicités lumineuses entre 1h et 6h du matin, et interdire au niveau national les portes ouvertes des commerces chauffés ou climatisés. Des "mesurettes" estiment les élus écologistes au Sénat qui ont proposé dix mesures pour accélérer la rénovation énergétique des bâtiments, réduire la vitesse sur les routes, interdire les jets privés sous conditions ou les panneaux publicitaires.

La grande distribution (Leclerc, Picard, Carrefour...) n'a pas attendu l'entrée en vigueur des décrets. Le 26 juillet, elle s'est accordée sur un plan de réduction de la consommation d'énergie, déployé cet automne, il prévoit notamment l'extinction des enseignes dès la fermeture, baisse de la température, ou la réduction de l'éclairage. Ils ont été rejoints par des centaines de milliers d'entreprises au sein des fédérations du CdCF (Conseil du commerce de France) et de la CDF (Confédération des commerçants de France)

Planification écologique dans un contexte de sécheresse

Le 20 mai dernier, la première ministre annonçait la création d'un secrétariat général à la Planification écologique "chargé de coordonner l'élaboration des stratégies nationales en matière de climat, d'énergie, de biodiversité et d'économie circulaire". Un séminaire gouvernemental consacré notamment à l'écologie se tiendra dans les derniers jours d'août.  

La Première ministre Élisabeth Borne doit aussi prononcer un "discours fort sur la sobriété et la transition énergétiques" à l'université d'été du Medef fin août. Le chef de l'Etat lui a demandé de "remettre à l'automne un agenda de planification écologique décliné par mois et années". Lui-même effectuera un déplacement consacré aux éoliennes offshore début septembre.

En juillet dernier, lors de sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale, elle avait affirmé sa volonté d'engager "une révolution écologique", qui ne passe pas selon elle par la décroissance, avec notamment le lancement d'une concertation à partir de septembre en vue d'une loi d'orientation énergie-climat.

Bataille du plein emploi

Alors que le taux d'emploi bat des records, se stabilisant à 68 % pour les 15-64 ans (+1 point par rapport au 2e trimestre 2021), du jamais-vu depuis 1975 et les premières mesures effectuées par l'Insee, le gouvernement travaille à la réforme de l'assurance-chômage. 

Ce sera le premier texte soumis à l'étude du Parlement, lors de sa reprise en octobre (il n'y aura, en effet, pas de session extraordinaire en septembre, une première depuis vingt ans). En ouverture, les députés doivent s'emparer dès la semaine du 3 octobre d'un texte sur l'assurance-chômage prolongeant les règles en vigueur, plus strictes depuis 2021, pour accéder aux indemnités.

"Quand ça va bien, on durcit les règles et, quand ça va mal, on les assouplit", revendiquait fin juillet le ministre du Travail Olivier Dussopt.  Les débats s'annoncent agités dans l'hémicycle avec la coalition de gauche Nupes et le RN. "L'opposition sera plus dure" contre ce "projet de casse sociale" d'Emmanuel Macron, prévient le porte-parole du RN Laurent Jacobelli, alors que l'extrême droite a été plutôt conciliante en juillet. À gauche, LFI a promis une "marche contre la vie chère" à la rentrée .

Le vote du budget au 49.3 ?

Et l'opposition prévoit aussi d'être au rendez-vous du budget 2023 de l'Etat et de la Sécurité sociale. Car si le Parlement reprendra ses travaux en séance en octobre, les macronistes promettent un travail en "amont" en septembre pour tenter de déminer le texte clivant qui arrivera vite dans les deux hémicycles.  Ce premier marathon budgétaire du quinquennat constitue une épreuve de force, faute de majorité absolue pour Emmanuel Macron à l'Assemblée. "Le budget, c'est risqué, l'opposition ne le vote jamais", prévient un cadre socialiste. Les LR qui ont soutenu le gouvernement sur le paquet pouvoir d'achat ne "le voteront pas", pense aussi un ministre, plutôt tenté de chercher l'abstention de la droite. Selon lui, le budget de la Sécu sera le plus délicat : "ils vont tous nous expliquer qu'il faut plus pour l'hôpital. Et pas un ne va dire qu'il faudrait une meilleure organisation des soins".

Le budget prévoit aussi d'apporter 15 milliards d'euros supplémentaires de budget en cinq ans au ministère de l'Intérieur et le camp présidentiel n'exclut pas d'en passer par l'article 49.3 de la Constitution, qui permet d'adopter un texte sans vote, en engageant la responsabilité du gouvernement. "A partir du moment où on devine que les Nupes (a minima) vont poser des milliers d'amendements, on voit mal comment on pourrait faire autrement...", concède une députée de la majorité.

Les oppositions en embuscade

De gros morceaux donc pour l’exécutif privé de majorité absolue depuis juin, et qui avait jusque là, réussi à avancer sans trop d'encombres, à la faveur de compromis. "Ils ont commencé par des thèmes 'facile' comme le pouvoir d'achat. _Le plus dur arrive__"_, anticipe le politologue Bruno Cautrès. Car en effet, l'opposition est déterminée à en découdre. "La situation politique est instable", pointe un proche de Jean-Luc Mélenchon alors que le leader de LFI promet une "marche contre la vie chère" à la rentrée. "L'opposition sera plus dure" contre ce "projet de casse sociale" d'Emmanuel Macron, prévient également le porte-parole du RN Laurent Jacobelli.

Côté syndical, la CGT et Solidaires ont appelé, eux, à _"__une journée de grève interprofessionnelle"_ le 29 septembre pour réclamer des hausses de salaires. Et les syndicats se préparent à monter au front contre la réforme des retraites, alors qu'Emmanuel Macron vise une "première entrée en vigueur" à l'été 2023.

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