Augmentations de salaire des cadres : il faudra attendre 2022 !

Aurélie Tachot

REMUNERATIONS – 2021 sera une année de disette en termes de rémunérations. Tout comme en 2020, le ralentissement des augmentations salariales perdurera cette année, du fait de la crise du Covid-19. En 2021, les salaires des cadres n’augmenteront que de 0,6 %, d’après la 10e édition de l’étude de rémunérations du cabinet Deloitte. Patience : un retour à la normale est envisagé dès 2022.

L'évolution des augmentations de salaire subit la crise. Elle devrait s'améliorer à partir de 2022 selon l'enquête annuelle sur les salaires du cabinet de conseil Deloitte.

Augmentations de salaire des cadres : il faudra attendre 2022 !
L'évolution des augmentations de salaire subit la crise. Elle devrait s'améliorer à partir de 2022 selon l'enquête annuelle sur les salaires du cabinet de conseil Deloitte.

Face à la stagnation des salaires, les parts variables augmentent

En 2021, 45 % des salariés titulaires ne verront pas leurs salaires de base bouger d’un iota. Par ailleurs, 30 % devront se contenter d’une augmentation de moins de 2 % (+0,6 % en médiane pour les cadres en 2021). Un phénomène de ralentissement directement corrélé à la crise sanitaire, qui a fragilisé le portefeuille d’un bon nombre d’entreprises. L’an dernier, la tendance était déjà à l’œuvre : les augmentations salariales avaient alors reculé de 0,5 points pour les cadres. En 2021, pour compenser cette privation, les entreprises miseront toutefois sur les dispositifs de rémunération variable, directement indexés sur leurs résultats. Cette part peut représenter un à trois mois de salaire de base, selon les niveaux de responsabilité. Cette année, 76 % des cadres (contre 67 % en 2020) devraient ainsi voir leur part variable augmenter. Un bon lot de consolation. Le pay-out, c’est-à-dire le rapport entre le bonus versé et le bonus ciblé, remonte de 2 points : 86 % contre 84 % en 2020.

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L’écart salarial homme-femme recule

La crise sanitaire a interrompu l’évolution progressive que l’on connaissait depuis plusieurs années en matière d’égalité homme-femme. En 2021, l’écart salarial moyen entre les deux sexes a augmenté de 0,3 % par rapport à l’année dernière pour atteindre 3,7 %. Un niveau proche de celui de 2017 (3,3 %). Quoique stable par rapport aux années précédentes, le taux de féminisation se dégrade au fur et à mesure de l’ascension hiérarchique, en passant de 42 % de femmes chez les OETAM à 24 % chez les cadres, « ne traduisant aucune évolution majeure en matière de féminisation des postes les plus élevés sur l’échelle hiérarchique sur le marché du travail français », regrette Franck Chéron, associé capital humain chez Deloitte. Le plafond de verre est donc encore là. « Il est toutefois fort probable que les politiques en matière de diversité des entreprises fassent bouger les lignes, de même que les obligations légales en matière de représentativité des femmes au sein des comités de direction », précise-t-il.

Paris versus régions : les écarts de salaire s’estompent

La généralisation du télétravail aura-t-elle raison de l’écart de salaire entre l’Ile-de-France et les autres régions de l’Hexagone ? La question restera en suspens. C’est, en tous cas, un indicateur à suivre de près ces prochains mois, indique Deloitte. En 2021, un léger recul est à souligner : + 5,2 % d’écart (contre + 6 % en 2020). Une tendance qui pourrait se poursuivre avec l’installation de nombreux cadres citadins en province. « Il est encore trop tôt pour parler d’une revanche des régions sur la capitale. D’autant que sous le feu de la rampe, beaucoup de salariés ont annoncé vouloir quitter l’Ile-de-France au profit de la province alors qu’on réalité, les départs au sein des entreprises se sont faits à la marge », commente Franck Chéron.

Fonctions : qui sont les cadres les plus augmentés ?

D’après Deloitte, certaines fonctions se démarquent en matière de rémunérations, notamment celles qui sont tournées vers le digital, la Tech et la cybersécurité. « La crise sanitaire a favorisé l’augmentation des rémunérations dans la cybersécurité.  Jusqu’ici, cette filière était rattachée à l’IT. Maintenant, c’est une filière à part entière, caractérisée par une rareté des profils, à qui on propose des packages de rémunérations importants », constate Franck Chéron. Dans l’informatique, la vente, le juridique et la finance, les cadres sont également mieux payés que leurs homologues des autres filières métiers, jusqu’à 5,5 % de plus pour un cadre évoluant dans la vente B to B.

Voici les pourcentages d'augmentation par rapport à la médiane du marché pour les principales filières métiers :

Des prévisions d’augmentation optimistes

Optimisme ou prudence ? En matière de futures augmentations salariales, le cœur des entreprises balance. Compte tenu de la reprise anticipée de l’inflation à un niveau pré-pandémie et à condition que de nouvelles vagues du Covid-19 ne mettent pas les entreprises en péril, les prévisions d’augmentation rebasculeront rapidement vers des niveaux proches de ceux d’avant la crise, rassure Deloitte. « Prenant en compte le contexte actuel ainsi que des indicateurs de l’INSEE au niveau du taux de croissance du PIB, du taux d’inflation ; du taux de chômage et les projections macroéconomiques réalisées par la Banque de France, nous anticipons une reprise progressive des tendances historiques d’augmentation à compter de 2022-2023 », indique le cabinet de conseil, qui prévoit une hausse moyenne des salaires de l’ordre d’1,8 % l’année prochaine. « Il y aura certainement beaucoup d’hétérogénéité entre les secteurs d’activités, qui n’ont pas tous été impactés par la crise de la même manière. Dans la finance ou l’énergie, les augmentations de salaire seront certainement supérieures à 2 % », conclut Franck Chéron.

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Aurélie Tachot
Aurélie Tachot

Après avoir occupé le poste de rédactrice en chef d’ExclusiveRH.com (entre autres), je travaille désormais à mon compte. Pour Cadremploi, je contribue à la rubrique Actualités via des enquêtes, des interviews ou des analyses sur les évolutions du monde du travail, sans jamais oublier l'angle du digital.

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