Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Bruno Le Maire annonce une révision à la baisse des prévisions de croissance de la France

Le gouvernement espérait une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 1,4 %, une prévision sur laquelle il a bâti le budget de l’année. Les pronostics des organisations économiques étaient plus pessimistes.

Le Monde avec AFP

Publié le 18 février 2024 à 20h18, modifié le 18 février 2024 à 21h38

Temps de Lecture 3 min.

Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a annoncé dimanche 18 février une révision à la baisse des prévisions de croissance de la France pour 2024, de 1,4 à 1 %. Cela implique un « effort immédiat de 10 milliards d’euros d’économie », a-t-il ajouté, au journal télévisé de 20 heures de TF1. Cette nouvelle prévision « reste positive [mais] tient compte du nouveau contexte géopolitique », a expliqué le ministre de l’économie, évoquant tout à la fois la guerre en Ukraine, « les affrontements au Moyen-Orient », le « ralentissement économique très marqué en Chine » et « une récession en 2023 en Allemagne ». Paris maintient par ailleurs son objectif d’abaisser le déficit public à 4,4 % du produit intérieur brut (PIB) en 2024.

Avant son annonce, Bruno Le Maire redisait que l’objectif de croissance à 1,4 % apparaissait de moins en moins atteignable. « J’aurai l’occasion de préciser notre stratégie économique et notre stratégie de finances publiques avec le président de la République et le premier ministre dans les jours qui viennent », avait-il déclaré jeudi. « Je crois, depuis sept ans, avoir fait preuve à chaque fois de clarté et de fermeté sur ces sujets. »

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est la dernière formation économique en date à avoir abaissé lundi, à 0,6 %, son estimation de croissance du (PIB) de la France pour cette année. Elle a emboîté le pas au Fonds monétaire international (FMI) qui table désormais sur une hausse de 1 %. La Banque de France prévoit 0,9 % tandis qu’un consensus d’économistes interrogés par l’agence Bloomberg s’attend à 0,7 %.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Bercy s’apprête à revoir ses prévisions de croissance pour 2024

Baisse des dépenses ministérielles et des politiques publiques

Le ministre a assuré que l’exécutif dégagerait ces milliards d’euros d’économies sur les dépenses de l’Etat, s’engageant « comme depuis sept ans » à ne pas augmenter les impôts. « Les Français n’en peuvent plus des impôts, nous n’augmenterons pas les impôts », a-t-il dit, précisant encore que « ce n’est pas la Sécurité sociale qu’on va toucher, ce n’est pas les collectivités locales qu’on va toucher, c’est l’Etat qui va faire un effort immédiat de dix milliards d’euros d’économies ».

Le ministre de l’économie a détaillé où l’exécutif compte trouver ces dix milliards d’euros. La moitié proviendra d’une baisse des « dépenses de fonctionnement de tous les ministères », qui devront donc resserrer leur budget d’« énergie, [de] mobilier, [d’]achats ». « Tous les ministères contribueront à hauteur de ce qu’ils représentent dans le budget national », a précisé M. Le Maire. L’exécutif compte récupérer les cinq milliards d’euros restants sur les « politiques publiques », en réduisant notamment « de près d’un milliard d’euros le montant de l’aide publique au développement » et d’un autre milliard, MaPrimeRénov’, le dispositif d’aide aux travaux d’économie d’énergie.

M. Le Maire a évoqué une troisième source d’économies : « Les opérateurs de l’Etat, toutes les institutions qui peuvent dépendre de l’Etat », qui vont « contribuer à hauteur de quelques dizaines de millions d’euros, pour que les opérateurs de l’Etat fassent une économie collective d’un milliard d’euros ». Le ministre de l’économie a notamment cité l’Agence nationale de cohésion des territoires, Business France (qui aide les entreprises françaises à s’internationaliser), France compétence (chargée de la formation professionnelle et de l’apprentissage) et le Centre national d’études spatiales.

Un ralentissement manifeste

En 2023, Bruno Le Maire avait déjoué les pronostics les plus pessimistes. La croissance avait atteint 0,9 %, selon l’Insee, un niveau très proche de son anticipation, soit 1 %. Mais cette résistance de la deuxième puissance économique de la zone euro, dans un contexte d’inflation encore mordante et de vives tensions géopolitiques, masque des évolutions très divergentes du PIB : un deuxième trimestre en croissance (+ 0,7 %), les trois autres en stagnation.

Le ralentissement est manifeste. L’activité en 2024 est rattrapée par la hausse des taux d’intérêt décidée pour contrer l’inflation, mais qui pèse sur les investissements des entreprises et des ménages. Et en Europe, le voisin allemand se porte mal. Avec notamment un ralentissement de l’inflation, le principal soutien à l’activité économique résiderait dans un regain – modéré – de l’appétit d’achat des ménages.

L’Insee prévoit une croissance de 0,2 % pour chacun des deux premiers trimestres de 2024. Avec un acquis de croissance estimé à 0,5 % à la mi-année, il faudrait une croissance du PIB de 1,2 % au troisième trimestre ainsi qu’au quatrième pour atteindre 1,4 %, que prévoyait le gouvernement. C’est « beaucoup », remarque-t-on à l’institut statistique.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « Timide redémarrage » de l’économie française, selon l’Insee

Bruno Le Maire a émis l’hypothèse d’un budget rectificatif à l’été, « en fonction des circonstances économiques et de la situation géopolitique ». « Tout cela obéit à un principe de responsabilité : agir au bon moment (…) pour garder la maîtrise de nos finances publiques, de nos déficits et de notre dette. » En attendant, le ministre de l’économie veut croire en ces « dix milliards d’économies sur l’Etat immédiates, pas sur les Français, pas sur les collectivités locales, [mais] sur l’État ».

Une croissance moindre complique le difficile exercice de redressement des finances publiques que le gouvernement affiche comme une priorité. Plutôt que des hausses d’impôts, il table en effet sur un surplus d’activité ainsi que des économies considérables pour réduire une dette de plus de 3 000 milliards d’euros et ramener le déficit public à 4,4 % du PIB en 2024 (contre 4,9 % anticipés pour 2023), puis sous la limite européenne de 3 % en 2027. Après la fin des soutiens exceptionnels de crise cette année, l’objectif est d’économiser au moins 12 milliards d’euros par an à partir de 2025.

Le Monde avec AFP

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Contribuer

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.