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Éducation nationale, santé, travail : ce qu'il faut retenir de la conférence de presse d'Emmanuel Macron

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Emmanuel Macron a tenu une conférence de presse ce mardi soir pendant environ 2h30. Éducation nationale, santé, égalité homme-femme, travail, le président de la République a fait plusieurs annonces, pour tracer un cap pour la suite de son quinquennat.

La dernière conférence de presse d'Emmanuel Macron, hors présidentielle, avait eu lieu en avril 2019 après la crise des gilets jaunes. La dernière conférence de presse d'Emmanuel Macron, hors présidentielle, avait eu lieu en avril 2019 après la crise des gilets jaunes.
La dernière conférence de presse d'Emmanuel Macron, hors présidentielle, avait eu lieu en avril 2019 après la crise des gilets jaunes. © AFP - Ludovic Marin

Après un propos liminaire dans lequel le président a annoncé toute une batterie de mesures sur l'Éducation, le congé parental, la santé ou encore le travail, Emmanuel Macron a longuement répondu ce mardi soir aux questions des journalistes en direct de l'Élysée, pour donner le cap de la suite de son quinquennat, après la nomination d'un nouveau gouvernement.

Régulation de l'usage des écrans, "refondation" de l'instruction civique, possible généralisation de la "tenue unique" à l'école en 2026, opérations "place nette" contre le trafic de drogue, "congé de naissance" et "plan fertilité" pour relancer la natalité, ou encore "acte II de la réforme du marché du travail" : la grande conférence de presse, exercice rare pour le locataire de l'Élysée, a été fertile en annonces. Voici ce qu'il faut en retenir.

Revoir la conférence de presse :

Régulation des écrans et tenue unique à l'école

Dans son propos liminaire, le chef de l'État a notamment évoqué l'Éducation nationale. Emmanuel Macron veut réguler l'utilisation des écrans chez les jeunes, en déterminer le "bon usage". Il en va "de l’avenir de nos sociétés et de nos démocraties", estime le Président, qui a évoqué la possibilité d'"interdictions" ou des "restrictions". Il n'y a "pas de solution parfaite", a-t-il toutefois concédé.

À la rentrée 2024, les cours d'instruction civique seront "refondés", leur volume horaire sera doublé - une heure par semaine dès la cinquième - avec "en appui les grands textes fondateurs de la nation". Par ailleurs, "nous irons vers la généralisation du Service national universel en seconde", a indiqué Emmanuel Macron. Interrogé par un journaliste sur le volet de l'instruction civique, le chef de l'État s'est par ailleurs dit "totalement favorable à ce qu'on apprenne la Marseillaise au primaire".

La "tenue unique" annoncée par Gabriel Attal sera expérimentée "dès cette année" dans une centaine d’établissements volontaires, a confirmé le locataire de l'Élysée. Sur la base des résultats, "s'ils sont concluants", cette tenue sera généralisée en 2026.

Interrogé sur les heures de professeurs absents non remplacées, Emmanuel Macron a assuré que son gouvernement allait "continuer à s'attaquer avec force" à cette problématique, en pleine polémique sur les propos de sa nouvelle ministre de l'Éducation, Amélie Oudéa-Castéra. La ministre, dont les enfants sont scolarisés dans le privé, a eu un "propos maladroit", "elle a eu raison de s'excuser", a estimé Emmanuel Macron, récusant tout "conflit" entre école privée et école publique : "La République est forte de tous ces systèmes. Ce qu'il faut, c'est engager tout le monde dans les mêmes exigences" mais "on ne juge pas les gens sur leurs choix individuels", a-t-il ajouté.

Le président a également annoncé l'instauration d'une cérémonie de remise des diplômes "dès cette année" au collège, "un rite républicain d'unité, de fierté et de reconnaissance". Il a dit souhaiter que le théâtre devienne un passage obligé au collège, "parce que cela donne confiance", et le retour de l'histoire de l’art au collège et lycée.

Enfin, "nous irons vers la généralisation du Service national universel en seconde", a indiqué Emmanuel Macron : revenant sur les émeutes après la mort du jeune Nahel tué par un policier, il a évoqué "le réengagement" des familles et l'accompagnement des familles monoparentales "pour les aider", plaidant aussi pour "une réponse plus adaptée dans le système scolaire", et "une réponse pénale plus claire".

Congé de naissance et plan contre l'infertilité

Alors que le nombre de naissances chute en France et que l'infertilité a "beaucoup augmenté ces dernières années", Emmanuel Macron a annoncé un "grand plan" contre "l'infertilité", pour un "réarmement démographique".

Pour remplacer le congé parental, le président a annoncé la création d'un "congé de naissance" de six mois pour les deux parents. Mieux rémunéré, il sera plus court pour éviter d'"éloigner" les femmes de l'emploi pendant "plusieurs années". Le congé parental actuel, d'une durée maximale de trois ans, est rémunéré à hauteur de 429 euros par mois.

"Après l'allongement du congé de paternité, je crois profondément que la mise en place d'un nouveau congé de naissance serait un élément utile dans une telle stratégie", a fait valoir le chef de l'État.

Lutter contre le trafic de drogue

Emmanuel Macron a annoncé vouloir dix opérations "place nette" par semaine contre le trafic de drogue dans une volonté de restaurer "l'ordre" : "Nous allons accroître le rythme à partir de la semaine prochaine", a-t-il indiqué. "Dix opérations de ce type seront conduites chaque semaine", a déclaré le président, précisant que ce problème ne touchait "pas simplement les grandes villes", mais également les "villes moyennes qui le connaissaient moins" et "parfois même les villages".

Le président a également ajouté vouloir lutter contre "l'islam radical" et a vanté les mérites de la loi qui a permis de mettre fin, depuis le 1er janvier, "au système des imams détachés" par des pays étrangers. Cette loi "nous a permis de fermer des associations, des établissements qui ne respectaient pas les règles de la République", a-t-il assuré. Début 2020, Emmanuel Macron avait annoncé sa volonté de mettre fin à l'accueil des quelque 300 imams envoyés par divers pays (Algérie, Turquie, Maroc...), et d'augmenter en parallèle le nombre d'imams formés en France.

Le chef de l'État a enfin rappelé sa volonté de "lutter contre les incivilités grâce à un doublement de la présence policière dans nos rues".

Médecins étrangers et franchises médicales

Emmanuel Macron a dit souhaiter, afin de lutter contre les déserts médicaux, "permettre des coordinations plus simples" entre médecine de ville et hôpital, et avec les professions paramédicales, mais aussi "régulariser nombre de médecins étrangers qui tiennent parfois à bout de bras nos services de soins, et que nous laissons dans une précarité administrative qui est complètement inefficace", a plaidé le chef de l'État.

Quelques milliers de praticiens diplômés hors de l'Union européenne (Padhue) exercent dans des hôpitaux publics français, comme non-titulaires, avec des salaires inférieurs aux praticiens européens. Selon plusieurs syndicats hospitaliers, ces médecins représentent environ un quart des praticiens exerçant aujourd'hui à l'hôpital.

Sur un autre sujet, Emmanuel Macron a défendu le doublement des franchises médicales, jugeant que cette hausse du reste à charge était une "bonne mesure" de responsabilisation des assurés sociaux. "Dire qu'on va passer de 0,50 à 1 euro" par boîte de médicaments, "je n'ai pas le sentiment qu'on fait un crime terrible", a-t-il jugé, "la médecine, le soin, les médicaments, ça ne coûte pas rien". Le système de protection sociale "prend déjà beaucoup en charge, quasiment tout", a-t-il souligné, tout en estimant qu'il faudrait protéger les personnes touchées par des affections de longue durée avec un plafond de "50 euros par an".

Le gouvernement a besoin des quelque 800 millions d'euros que la mesure rapporterait pour respecter les prévisions de recettes du budget de la Santé que le Parlement a voté juste avant les fêtes de fin d'année.

"Mieux gagner sa vie par le travail"

Le président a demandé à son gouvernement des mesures pour permettre de "mieux gagner sa vie par le travail", "avec la dotation de nos dispositifs fiscaux et sociaux, mais aussi avec des négociations dans certaines branches".

Il a également demandé que les fonctionnaires soient davantage rémunérés "au mérite". Il faut que "le principal critère d'avancement et de rémunération" soit, à côté de l'ancienneté, le mérite, "en tout cas bien davantage qu'aujourd'hui". Cette réforme "va commencer dans les prochaines semaines", a-t-il assuré.

Le chef de l'État a aussi annoncé des "règles plus sévères" en cas de refus d'une offre d'emploi et un "meilleur accompagnement" des chômeurs "par la formation, mais aussi l'accompagnement à l'emploi sur des choses très concrètes comme le logement ou les transports""Le gouvernement incitera à la création et la reprise d'un emploi avec, dès le printemps prochain, un acte II de la réforme du marché du travail lancée en 2017", qui avait déjà vu des réformes des règles d'indemnisation du chômage et la mise en place de la réforme des retraites l'an dernier, a-t-il déclaré.

L'objectif de ces futures mesures est d'"atteindre le plein emploi", objectif fixé à horizon 2027 et correspondant à un taux de chômage de 5% contre 7,4% actuellement.

Baisse des impôts pour les classes moyennes

Le président de la République a annoncé que la baisse d'impôts de deux milliards d'euros envisagée pour les classes moyennes aurait lieu dès 2025 : "On aura entre autres, dans notre trajectoire financière, deux milliards de baisses d'impôts sur nos compatriotes qui sont dans ces catégories en 2025", a assuré Emmanuel Macron.

Cette mesure est envisagée depuis le printemps 2023, mais son calendrier exact avait évolué au cours des mois, avec une possibilité qu'elle soit repoussée en fin de quinquennat.

Le président a longuement évoqué "tous nos compatriotes qui gagnent déjà trop pour être aidés et pas assez pour bien vivre, la France populaire, la France des classes moyennes, celle qui dit 'quand vous proposez quelque chose ce n'est jamais pour moi'. Et pourtant, c'est celle qui tient le pays", a-t-il estimé.

Un prix de l'électricité de retour "dans la norme"

Le président Emmanuel Macron a affirmé que le prix de l'électricité allait "revenir dans la norme", tout en affirmant qu'il resterait "substantiellement inférieur" à ce qui est payé par les consommateurs chez nos voisins européens.

"Là où ça aurait dû augmenter de plus de 100% l'année dernière, ça a dû augmenter de 25% (...) Et on va continuer d'avoir un prix de l'électricité nettement inférieur à nos voisins", a-t-il ajouté, tout en refusant de se substituer au gouvernement "pour faire les annonces précises" attendues prochainement.

Lundi, lors d'un déplacement à la centrale nucléaire de Gravelines (Nord), le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait laissé entendre qu'il n'y aurait pas de gel sur le tarif réglementé de l'électricité (TRVE) comme demandé par les consommateurs, tout en réaffirmant que l'augmentation du prix ne dépasserait pas 10%.

Sur la question du nucléaire, le président a affirmé qu'il annoncerait "dès l'été les grands axes pour les huit prochains" EPR, dans le cadre de la relance du nucléaire, après le lancement de six nouveaux réacteurs EPR : "J'ai annoncé les sites des six nouveaux réacteurs, les travaux, les investissements et tout le travail commencent à EDF. Dès l'été, j'annoncerai les grands axes pour les huit prochains", a-t-il déclaré.

Le RN, "parti de l'appauvrissement collectif" et "du mensonge"

Emmanuel Macron a accusé le Rassemblement national d'être le "parti de l'appauvrissement collectif" et "du mensonge", appelant à "s'attaquer à ce qui fait voter pour eux".

"Lutter contre l'immigration clandestine, c'est, je pense, une des réponses au Rassemblement national", a assuré le président de la République lors de son point de presse, mettant également en avant la lutte contre le "chômage de masse" et appelant à remédier au "sentiment de dépossession" que peuvent ressentir les Français.

Interrogé sur le remaniement, il a par ailleurs défendu la nomination de Rachida Dati au ministère de la Culture malgré sa mise en examen dans une affaire de corruption présumée. Il a également dit n'avoir "aucun regret" d'avoir défendu la "présomption d'innocence" de Gérald Depardieu, tout en concédant un "regret" de "ne pas avoir assez dit combien la parole des femmes qui sont victimes de ces violences est importante".

Hommage aux victimes françaises du Hamas

Emmanuel Macron a annoncé que l'hommage aux victimes françaises du Hamas aura lieu le 7 février aux Invalides"Le 7 février prochain, au monument pour les victimes du terrorisme" situé sur l'esplanade des Invalides à Paris, "je rendrai hommage à ces victimes aux côtés de leurs proches, de leurs familles et de tous ceux qui voudront nous y rejoindre", a affirmé le président.

Le chef de l'État a rappelé que la France avait "perdu 41 de ses enfants" dans ces attaques et qu'elle avait "encore trois otages" dans la bande de Gaza. "Nous nous battons pied à pied avec les autorités israéliennes, avec le Qatar, qui a un rôle décisif en la matière, avec plusieurs autres collègues pour les libérer".

À Gaza, "la priorité est le cessez-le-feu", a assuré Emmanuel Macron. "Ce sont des opérations ciblées qui doivent être conduites", a défendu le président, qui a mis en garde Israël contre "un risque dans la durée" pour sa sécurité. "Je vois avec la même douleur que vous la douleur que nous voyons", affirme Emmanuel Macron, craignant que cela ne "compromette" une solution de résolution du conflit.

Sur un autre front de guerre, Emmanuel Macron a annoncé qu'il se rendra en Ukraine en février, ainsi qu'une nouvelle livraison de missiles longue portée et de bombes à Kiev. "Nous ne pouvons pas laisser la Russie gagner", a-t-il martelé, ce serait "accepter que les règles de l'ordre international" ne soient "pas respectées".

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