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Retraite

Hausse des petites pensions: le gouvernement envisage de piocher dans les caisses de l'Agirc-Arrco

Pour financer la revalorisation des petites pensions, le gouvernement souhaiterait prélevé au moins un milliard d'euros dans les réserves du régime de retraites complémentaires du privé, selon les syndicats.

Le gouvernement ambitionne de prélever au moins un milliard d'euros dans les caisses excédentaires de l'Agirc-Arrco, régime des retraites complémentaires du privé, afin de financer la revalorisation attendue des petites pensions, ont alerté mardi plusieurs syndicats.

Ce projet a été présenté par le ministre du Travail Olivier Dussopt à des représentants syndicaux et patronaux qui négocient en ce moment, jusqu'au 4 octobre, un nouvel accord-cadre pour la gestion de l'Agirc-Arrco sur la période 2023-2026, ont indiqué à l'AFP plusieurs participants à ces pourparlers. Contacté, le ministère du Travail n'a pas souhaité faire de commentaire.

Emmanuel Grimaud, président et fondateur de Maximis retraite - 01/09
Emmanuel Grimaud, président et fondateur de Maximis retraite - 01/09
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Après des années de disette, le régime de l'Agirc-Arrco est aujourd'hui en excellente santé. Il dispose de 68 milliards d'euros de réserves, et la réforme des retraites devrait aussi lui apporter -selon un scénario médian - quelque 22 milliards supplémentaires sur 15 ans. Des caisses pleines convoitées par l'exécutif: lors d'une rencontre avec la CGT lundi, Olivier Dussopt "a annoncé qu'il comptait voir, dans notre accord, une participation à la revalorisation des petites pensions" prévue par la réforme des retraites, a indiqué à l'AFP Denis Gravouil, négociateur de la CGT.

"Il l'a chiffrée entre 1 et 3 milliards, un montant progressif avec la montée en charge de la réforme. (...) On arriverait en tout cas à trois milliards (cumulés) fin 2026", a-t-il poursuivi, confirmant une information du Monde.

1,7 million de retraités concernés

"Le ministre a prévenu que sinon, ce sera inscrit dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2024. C'est un hold-up", a déploré Denis Gravouil, qui préférerait "revaloriser plus largement" les pensions complémentaires, notamment "celles des carrières hachées". Pour Michel Beaugas, le négociateur de Force ouvrière (FO), "ce n'est pas à l'Agirc-Arrco de payer" pour financer la revalorisation du "minimum contributif" prévue par la réforme des retraites, car il s'agit là d'une promesse de longue date de gouvernements successifs, jamais tenue jusqu'à présent.

Cette hausse, de 100 euros maximum pour une carrière complète à temps plein, concernera 1,7 million de retraités actuels et 200.000 nouveaux retraités chaque année. "L'exécutif vante le dialogue social, mais veut encore contraindre les partenaires sociaux", a-t-il déploré.

Pour Eric Chevée, négociateur de la CPME (patrons des TPE-PME), il est "légitime que l'Agirc-Arcco prenne sa part" dans cette "mesure de solidarité, qui valorise une vie de travail". Mais "nous pouvons le faire selon nos critères", plaide-t-il. Le montant attendu serait selon lui "de l'ordre de 1 milliard par an, à terme".

P.L. avec AFP