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Négociations salariales: le pouvoir d’achat des salariés est bien parti pour augmenter cette année

Plus de huit salariés sur dix devraient bénéficier d'augmentations dépassant le niveau moyen de l'inflation attendu cette année.

Les augmentations de salaire compenseront-elles l’inflation cette année ? Selon la très sérieuse étude annuelle menée par Groupe Alpha, la réponse est oui. Du moins dans le privé. Cette étude a été réalisée sur la base des accords signés entre représentants du personnel et direction dans 421 entreprises. Elle est donc tout à fait représentative, à tout le moins pour les sociétés de plus de 50 salariés.

Si on additionne les augmentations générales et les augmentations individuelles, la hausse des salaires atteint en moyenne +3,5%. C’est certes moins qu’en 2023 (+4,6%), mais par rapport à la hausse des prix, ces augmentations devraient assurer un gain de pouvoir d’achat à une majorité de salariés, ce qui ne fut pas le cas l’an passé, sauf pour les salariés payés au Smic. On peut donc parler de rattrapage par rapport à l’année dernière. L’Insee prévoit en effet une baisse progressive du niveau de l’inflation.

L'inflation moyenne ne devrait pas dépasser 2,5% cette année

Le mois dernier, la hausse des prix par rapport à janvier 2023 se limitait déjà à 3,1%. Et pour juin, ses experts tablent sur +2,5% d’inflation, toujours sur douze mois. L’Insee ne s’avance pas sur le niveau moyen de l’inflation pour l’ensemble de l’année, mais la Banque de France n’hésite pas à prédire le maintien de cette tendance à la baisse au deuxième semestre. Sauf mauvaise surprise, en moyenne sur l’année, l’inflation ne devrait ainsi pas dépasser +2,5%. Les augmentations moyennes accordées aux salariés devraient donc être supérieures à la hausse des prix.

Mais pour autant, tous les salariés n’auront pas la chance de voir leur pouvoir d’achat progresser. Près d’un salarié sur cinq (19%) figure dans le groupe des "perdants", ceux dont le salaire aura augmenté de moins de 2,5%. Parmi ceux dont les augmentations dépasseront les 2,5% sans excéder les 4%, on retrouve 39% des salariés. Mais le groupe des plus chanceux (plus de 4% d’augmentations) est le plus fourni avec 42% des salariés.

Quatre secteurs plus généreux que la moyenne

Ces salariés les plus chanceux sont pour l’essentiel ceux qui travaillent dans les quatre secteurs d’activité où la moyenne des augmentations est la plus élevée. La construction, d’abord, secteur qui a pourtant des problèmes financiers mais qui continue néanmoins à avoir du mal à recruter. Du côté des entreprises industrielles, c’est au sein de l’énergie et de la chimie ainsi que dans la métallurgie que l’effort sur le plan salarial aura été le plus conséquent. Et enfin dans les transports, où les employeurs ont fait face à une forte pression syndicale du fait des jeux olympiques, la moyenne des augmentations accordées atteint +3,85%.

Enfin, l’année dernière, un nombre important d’employeurs avaient compensé le fait de ne pas augmenter leurs salariés au niveau de l’inflation en leur versant des primes "Macron" assez conséquente. Qu’en sera-t-il cette année? Ces primes rebaptisées "partage de la valeur" ne sont pas toutes intégrées dans les négociations annuelles obligatoires. Les experts de Groupe Alpha insistent sur la nécessité de prendre avec des pincettes le montant moyen observé l’an passé (1280 euros) et cette année (862 euros). Mais ces chiffres donnent une bonne idée de la tendance. Les employeurs ont, il est vrai, désormais davantage intérêt à augmenter le montant de la participation et de l’intéressement.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco