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Que va-t-on faire du "magot" de l'assurance chômage?

Après un excédent de 3,8 milliards d'euros en 2023, l'Unedic prévoit d'engranger 4,7 milliards l'an prochain et 8,6 milliards en 2025.

Après un excédent de 3,8 milliards d'euros en 2023, l'Unedic prévoit d'engranger 4,7 milliards l'an prochain et 8,6 milliards en 2025. - Joel Saget - AFP

Dans le rouge de 2009 à 2021, les comptes de l'assurance chômage renouent avec les excédents. De quoi réduire la dette mais aussi satisfaire d'autres ambitions. Le patronat milite pour une baisse des cotisations sur les salaires, les syndicats aimeraient améliorer le sort des chômeurs.

Comme en 2022, l'assurance chômage terminera cette année dans le vert. Selon les dernières prévisions, l'excédent atteindra 3,8 milliards d'euros. Il va encore grossir dans les prochaines années puisque, selon l'Unédic, il devrait s'élever à 8,6 milliards d'euros en 2025. En seulement trois années, l'excédent cumulé dépasserait ainsi les 17 milliards d'euros.

L'Unédic va profiter à la fois de l’inflation qui a poussé les salaires à la hausse, et donc des cotisations qu'elle va engranger, et de la réforme des règles d’indemnisation conjuguée à la baisse du chômage. Les demandeurs d'emploi trouvent plus facilement du travail et n’ont plus intérêt -si tant est que c’était le cas auparavant- à attendre la fin de leurs droits pour retravailler. Au final, ils sont indemnisés moins longtemps, ce qui réduit les dépenses de l'assurance-chômage.

Que va-t-on faire du "magot" de l'assurance chômage?
Que va-t-on faire du "magot" de l'assurance chômage?
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Réduire la dette, mais pas seulement

Grâce à ces 17 milliards d'euros d’excédent cumulé sur trois ans, l'assurance chômage va enfin pouvoir réduire une dette qui a considérablement grossi ces dernières années. Car de 2009 à 2021, les comptes n'ont jamais été dans le vert. Il a donc fallu s’endetter pour continuer à payer des allocations aux chômeurs.

Ce "magot" va ainsi d’abord servir à réduire les dettes accumulées ces dernières années. Objectif: passer de 55,5 milliards d'euros cette année à 42,2 milliards d'euros en 2025. La dette serait ainsi réduite d’un quart. Pour autant, il restera du grain à moudre. Et c’est sur ce point que les partenaires sociaux ne sont pas d’accord. La priorité des organisations patronales? En profiter pour baisser les cotisations qui pèsent sur les salaires. Celle des syndicats? Améliorer le sort des demandeurs d'emploi en réparant certaines injustices.

Parviendront-ils à s'entendre? Le gouvernement pourrait indirectement les pousser à trouver un compromis. En effet, à défaut d'être parvenu à accaparer les excédents engrangés par l'Agirc-Arrco du fait de la régorme des retraites, l'exécutif aimerait bien ponctionner la future manne de l'assurance-chômage pour financer le budget de l’Etat consacré à l’emploi et à la formation. Un projet auquel le patronat comme les syndicats entendent bien s'opposer. D’où leur intérêt à trouver un compromis.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco