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Réforme des retraites : après la promulgation de la loi, Emmanuel Macron veut « faire le bilan », les syndicats refusent l’« agenda » du gouvernement

Le président de la République s’exprimera lundi soir « dans une logique d’apaisement », selon l’Elysée. L’intersyndicale reste « déterminée » à poursuivre le combat contre le recul de l’âge légal de départ à 64 ans et promet une grande mobilisation le 1er mai.

Le Monde avec AFP

Publié le 16 avril 2023 à 00h37, modifié le 16 avril 2023 à 11h53

Temps de Lecture 3 min.

Emmanuel Macron, à La Haye (Pays-Bas), le 11 avril 2023.

Emmanuel Macron s’adressera lundi 17 avril aux Français, après la promulgation éclair de la réforme des retraites, qui a indigné syndicats et oppositions samedi.

La « loi du 14 avril 2023 de financement rectificative de la Sécurité sociale pour 2023 », signée vendredi soir par le chef de l’Etat après la validation de l’essentiel de la réforme par le Conseil constitutionnel, a été publiée au Journal officiel très tôt samedi.

L’Elysée a annoncé dans la foulée que le président de la République prendrait la parole lundi soir, a priori à 20 heures. Il s’exprimera « dans une logique d’apaisement », pour « faire le bilan » des trois mois de crise et « regarder aussi ce qui a avancé à côté des retraites », a promis, sur TF1, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, citant la baisse du chômage et des impôts.

« Dans les semaines et les mois qui viennent, autour du président de la République, nous sommes prêts à accélérer » les réformes, a de son côté affirmé la première ministre, samedi. « Nous voulons bâtir la France du plein-emploi », « garantir l’égalité des chances », « agir » pour la santé et encore l’éducation, a martelé Elisabeth Borne lors d’un conseil national du parti présidentiel Renaissance, à Paris.

Olivier Véran a, pour sa part, confirmé que le passage progressif de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans commencerait bien dès septembre, au rythme d’un trimestre par an. La réévaluation de certaines petites pensions sera lancée au même moment.

« Le président du chaos »

Du côté de l’intersyndicale, on ne s’avoue pas vaincu pour autant. Celle-ci a fait part de sa « détermination » à poursuivre le combat contre le recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Refusant d’entrer dans l’« agenda » d’après-crise de l’exécutif, tous ont décliné une invitation mardi à l’Elysée.

La publication ultrarapide de la réforme, alors que l’intersyndicale, unie depuis trois mois de contestation, « avait demandé solennellement au président de ne pas promulguer la loi », est « totalement honteuse », a dénoncé la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. Emmanuel Macron « est en train de devenir le président du chaos » et « ouvre un boulevard au Rassemblement national », a-t-elle cinglé. « Le mépris renvoyé aux travailleurs aura été constant », a réagi son homologue de la CFDT, Laurent Berger.

Dans l’opposition, Marine Le Pen a épinglé une « énième provocation contre les Français », tandis que le leader de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a dénoncé un « absurde affichage d’arrogance ». Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, voit, lui, dans cette promulgation rapide un signe de « fébrilité ». Il a promis un « harcèlement démocratique » pour revenir sur les 64 ans. Députés et sénateurs socialistes ont annoncé déposer un texte législatif demandant l’abrogation de la réforme.

Manifestants sur la place de la République à Rennes, le 15 avril 2023.

Le député de Seine-Saint-Denis et président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Eric Coquerel (LFI), a annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) que le groupe « insoumis » avait commencé des discussions avec les indépendants du groupe LIOT (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) et l’ensemble de la Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale) en vue d’un potentiel dépôt de motion de censure.

Manifestations « non autorisées » à Paris et Rennes

A peine la réforme promulguée, des violences ont de nouveau émaillé, samedi, une manifestation à Rennes, où des commerces ont été vandalisés, deux voitures brûlées en plus d’affrontements avec les forces de l’ordre.

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Plus d’un millier de personnes, des jeunes en majorité, s’étaient rassemblées dans le calme en début d’après-midi place de la République, à l’appel, notamment, de collectifs rennais sur les réseaux sociaux. Une manifestation « non autorisée », selon la préfecture.

Mais moins d’une demi-heure après le départ du cortège, la situation a commencé à dégénérer. Pris pour cible par des pierres, des bouteilles et parfois des fusées d’artifice lancées par des jeunes habillés de noir, les forces de l’ordre ont répondu par de nombreux tirs de gaz lacrymogène et par l’intervention de canons à eau. La préfecture a fait état de onze individus arrêtés qui « seront présentés à l’autorité judiciaire », ainsi que d’un blessé léger parmi les gendarmes mobiles, et de deux parmi les manifestants.

A Paris, 300 personnes ont défilé dans une ambiance calme dans le 19e arrondissement, aux cris notamment de « Paris debout, soulève-toi ! », tandis qu’à Lille, des manifestants, réunis sur la Grand’Place dès 18 heures, ont constitué un cortège qui a traversé le Vieux-Lille.

Des actions dans tous les secteurs jeudi 20 avril

L’intersyndicale mise sur le traditionnel rendez-vous du 1er mai, qu’elle souhaite transformer en « journée de mobilisation exceptionnelle et populaire » contre le cœur de la réforme, la retraite à 64 ans. Le patron de la CFDT souhaite « que le 1er mai, “on casse la baraque” en nombre de manifestants dans la rue ». « Sur les décrets, la mise en œuvre concrète des mesures, on ne va pas lâcher le gouvernement », a-t-il dit au Parisien.

En attendant, les quatre syndicats de la SNCF ont annoncé « une journée d’expression de la colère cheminote », jeudi. Et la CGT a évoqué des actions dans tous les secteurs jeudi également, ainsi que le 28 avril. La douzième journée de mobilisation, jeudi 13 avril, avait livré le deuxième plus faible score de mobilisation depuis le début du mouvement (380 000 manifestants, selon le ministère de l’intérieur ; 1,5 million, selon la CGT).

Renouer avec les syndicats ne sera pas chose aisée. « Il y aura du ressentiment, des cicatrices », glisse un proche du chef de l’Etat. Et avec quelle majorité ? Elisabeth Borne a fait part cette semaine des conclusions de ses consultations avec les leaders des différents partis cette semaine à Emmanuel Macron. Un statu quo s’esquisse : « Si l’heure n’est pas aux coalitions, des majorités sont possibles, projet par projet, pour offrir des solutions aux Français », a avancé, samedi, la cheffe de gouvernement.

Le Monde avec AFP

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