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Retraites complémentaires: les syndicats mettent la pression pour la suppression du "malus"

Une décote de 10% s'applique depuis 2019 aux retraites complémentaires de nombreux salariés du privé.

Les syndicats ne transigeront pas. Réunis mercredi pour une deuxième séance de négociations hebdomadaires, les partenaires sociaux ont prévenu qu'ils ne renonceront pas à la suppression du "malus" - c'est-à-dire la décote de 10% appliquée depuis 2019 aux retraites complémentaires de nombreux salariés du privé. Pour les organisations gestionnaires de l'Agirc-Arrco, il s'agit d'un "préalable" à tout accord sur les règles du régime. Ils sont chargés de redéfinir, d'ici début octobre, les modalités de fonctionnement pour la période 2023-2026.

En 2019, dans une période de finances tendues, ils avaient introduit un mécanisme de "bonus-malus", pour inciter les salariés à travailler un an de plus -soit à l'époque jusqu'à 63 ans- alors même qu'ils remplissaient déjà les conditions pour partir à taux plein. À défaut, les salariés voyaient leur pension complémentaire amputée de 10% pendant trois ans. Un "bonus" a également été instauré en 2019 pour ceux qui travaillent deux à quatre ans supplémentaires.

Avec la réforme des retraites et le décalage progressif de l'âge légal de départ à 64 ans, le malus n'a "plus lieu d'être" pour les organisations syndicales (CFDT-CGT-FO-CFE CGC-CFTC).

Sa suppression est une "ligne rouge", sans laquelle "il n'y aura pas d'accord", ont déclaré les représentants syndicaux, dont Yvan Ricordeau (CFDT), après une réunion avec les représentants des organisations patronales.

68 milliards d'euros de réserve

"On ne peut pas mentir aux salariés: l'Agirc-Arrco est en bonne santé", a observé Pascale Coton (CFTC).

Le régime dispose notamment de 68 milliards d'euros de réserve, de quoi respecter sa "règle d'or" qui impose d'avoir six mois de versements d'avance, sur un horizon de 15 ans. La réforme devrait en outre lui apporter -selon un scénario médian parmi plusieurs étudiés- quelque 22 milliards d'euros supplémentaires sur 15 ans.

Les syndicats réclament une suppression "immédiate" du malus, tandis que la CPME, qui représente les patrons des petites et moyennes entreprises, l'imagine plutôt "progressive". "On n'a pas de réponse du Medef", a déclaré Yvan Ricordeau (CFDT), appelant les organisations patronales à "lever le voile" sur leurs intentions lors de la réunion de la semaine prochaine.

Interrogée, la représentante du Medef Diane Milleron-Deperrois s'est contentée d'appeler à "regarder globalement quel est l'équilibre financier général, si certains curseurs bougent".

Les négociations sur les retraites complémentaires portent également sur la revalorisation des pensions au regard de l'inflation, ou encore la possibilité "d'adapter" le régime aux nouveaux droits introduits par la réforme des retraites pour ceux qui cumulent emploi et retraite.

NLC avec AFP