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"Vie au travail": la négociation piétine, sa conclusion reportée au 8 avril

Dans la matinée, au cours d'une rare conférence de presse commune, les numéros un des cinq syndicats représentatifs tout comme ceux du patronat ont souligné leur volonté d'aboutir à un accord, tout en constatant que "c'est compliqué".

La négociation sur "la vie au travail" a fait du sur place mercredi, organisations patronales et syndicales campant sur leurs positions, si bien qu'une séance à été ajoutée au calendrier prévu pour espérer aboutir à un accord. "On va finir le 8 avril sur un accord qu'on espère conclusif" au lieu du 26 mars, a déclaré à l'issue de la séance Jean-Christophe Repon, le négociateur de l'U2P (artisans, commerçants et professions libérales).

Le Medef et les syndicats se sont mutuellement accusés d'avoir refusé toute concession. "Les organisations syndicales n'ont fait aucune avancée" sur aucun des sujets discutés, a regretté le négociateur du Medef Hubert Mongon.

"Le Medef et la CPME étaient à reculons sur la discussion de l'accord", a rétorqué Yvan Ricordeau (CFDT), regrettant "une séance à blanc".

"On voit bien" que les organisations patronales "ne voulaient pas cette négociation", a aussi jugé Jean-François Foucard (CFE-CGC), tandis que Michel Beaugas (FO) s'est à nouveau dit convaincu que la négociation "se fera le dernier jour".

Une négociation séparée autour du Cetu

Le sujet de la création d'un compte épargne temps universel (Cetu) a continué d'être un objet de discorde. La CFDT, porteuse de cette idée a réclamé et obtenu qu'elle soit rediscutée lors de la prochaine séance mardi. Mais le Medef a réaffirmé son opposition totale: "un accord qui comporterait quelque disposition que ce soit sur le Cetu est un accord qui ne comporterait pas notre signature", a déclaré à la presse Hubert Mongon. Seule organisation patronale à défendre le Cetu, l'U2P envisage la possibilité d'une négociation séparée, à laquelle plusieurs organisations syndicales n'ont pas dit non.

Dans la matinée, au cours d'une rare conférence de presse commune, les numéros un des cinq syndicats représentatifs (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC) tout comme ceux du patronat (Medef, CPME, U2P) ont souligné leur volonté d'aboutir à un accord, tout en constatant que "c'est compliqué". Il y a "une attente énorme de la part des salariés" après la réforme des retraites, a affirmé la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon, lors de ce rendez-vous organisé par l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis).

"On se doit d'aboutir", a aussi déclaré le président du Medef Patrick Martin.

Le patronat propose un CDI "de fin de carrière"

L'avant-projet d'accord du patronat propose notamment un CDI "de fin de carrière" pour faciliter les embauches de chômeurs seniors, que rejettent les syndicats. Ces derniers ont présenté dix propositions communes, dont un droit à la retraite progressive opposable à 60 ans, mais le patronat n'y a pas répondu et elles ont été "balayées d'un revers de main", a déploré la négociatrice de la CGT, Sandrine Mourey. "Le Medef et la CPME font tout pour nous décourager", a-t-elle lancé. Le matin, syndicats et patronat ont dénoncé d'une même voix les "interférences" de l'exécutif, Sophie Binet (CGT) évoquant notamment le "mauvais génie" qui plane au dessus de leurs discussions.

"Ca commence à être agaçant de discuter avec un revolver derrière la tête", a lancé le président de l'U2P Michel Picon.

Tous ont dit leur attachement au paritarisme. Il est "viscéral", a assuré le patron du Medef Patrick Martin, soulignant que les partenaires sociaux gèrent "235 milliards d'euros de prestations" sociales via l'Agirc-Arrco, l'Unédic ou encore la branche AT/MP (accidents du travail/maladies professionnelles) de la Sécurité sociale. Cela "pourrait être fatal qu'à un moment donné, l'Etat ait l'intégralité des clés du camion", car "il y a une dimension politique. On croit savoir qui est aux manettes à la tête de l'Etat aujourd'hui, on ne sait pas qui y sera demain", a-t-il dit.

"On ne laissera pas faire", a prévenu Frédéric Souillot, (FO) estimant que pour sauver le paritarisme, il faut montrer que sa gestion est "bonne et inattaquable". Mais ce "magot attire tout le monde", a relevé François Hommeril (CFE-CGC), désignant l'Etat.

TT avec AFP