Lorsqu’on est informaticien, le fait de travailler dans une ESN (1) ou dans le service informatique d’une entreprise d’un autre secteur, a de réelles répercussions sur l’exercice du métier. C’est ce que met en évidence une récente étude de l’APEC, réalisée auprès de 18.000 salariés du secteur privé.
Qu’il s’agisse des rémunérations, des responsabilités, des opportunités de carrière selon qu’on soit homme ou femme, les métiers d’informaticiens n’offrent pas les mêmes avantages selon l’entreprise où l’on exerce, et au-delà, selon le secteur. L’explication tient en bonne partie au fait que les grandes entreprises de la place ont leur propre service informatique, qu’elles sauront forcément rémunérer davantage que ne pourra le faire une start-up du logiciel. De même les services n’auront-ils pas forcément la même taille. Gardons en tête que le secteur des ESN ne regroupe pas que les multinationales type Oracle ou CapGemini.
Quelles responsabilités ?
L’étude indique d’abord de réelles différences au plan des responsabilités hiérarchiques. Les “cadres informaticiens des ESN” sont nettement moins souvent responsables hiérarchiques que l’ensemble des autres cadres, et aussi que les “autres informaticiens” : trois fois moins nombreux que les cadres des autres fonctions, deux fois moins nombreux que les informaticiens d’autres secteurs. Seulement un quart d’entre eux anime des équipes dans le cadre de projets limités dans le temps. Mais en revanche, 40 % des informaticiens ESN déclarant avoir des responsabilités hiérarchiques, ont plus de 6 cadres sous leur responsabilité. Et lorsque tel est le cas, leurs équipes sont plus qualifiées.
Autre dimension intéressante, en liaison avec la précédente, les responsabilités de budget et de chiffre d’affaires sont moins fréquentes chez les informaticiens que chez l’ensemble des autres cadres. Les informaticiens des ESN ont plus souvent que les autres informaticiens une responsabilité de chiffre d’affaires à réaliser, mais on notera qu’ils sont deux fois moins nombreux que les seconds à gérer un budget.
Quelles rémunérations ?
La rémunération globale est plus faible chez les cadres informaticiens des ESN que chez l’ensemble des cadres, et aussi que chez les informaticiens “autres que ESN”, comme l’indique le tableau ci-dessous .
Précisons : le 1er décile définit le niveau des 10 % les moins payés, le 9e les 10 % les mieux servis. La moyenne est égale à la somme des données divisée par leur nombre. Elle est souvent moins parlante que la médiane, qui définit la valeur divisant une série de données en deux parties égales (50 % au-dessus, 50 % au-dessous).
L’écart se creuse d’ailleurs au cours de la carrière comme l’indique le tableau ci contre. En 2013, l’écart de salaire médian entre les informaticiens des ESN et les autres informaticiens était de 2,5 Ke pour les plus jeunes et s’élevait à 8 Ke chez les plus âgés.
Responsabilités inégalement récompensées
L’APEC s’est ensuite intéressée au lien entre “responsabilités hiérarchiques” et rémunérations. Si comme on peut s’y attendre, on est mieux payé lorsqu’on anime une équipe, la tendance de fond reste la même : les ESN rémunèrent moins bien les différents statuts hiérarchiques que les services informatiques d’autres entreprises.
Deux éléments sont également déterminants. D’une part, avoir un chiffre d’affaires à réaliser. Cela contribue alors à élever le niveau de rémunérations, et plus dans les ESN : 62,6 Ke, en moyenne annuelle brute, contre 57,3 Ke dans les autres secteurs. L’autre élément clé est la gestion d’un budget. Dans ce cas, il est plus intéressant de travailler “ailleurs qu’en ESN”.
Enfin, l’étude indique aussi que la partie variable de la rémunération des cadres informaticiens est plus élevée chez ceux des ESN qui ont la responsabilité d’un chiffre d’affaires à réaliser ou d’un budget à gérer. Les ESN semblent “challenger” davantage.
(1) Rappelons qu’ESN (Entreprise de Services Numériques) a définitivement supplanté l’ancienne appellation “SSII”.
Et pour les informaticiennes ?
Quel que soit le secteur d’activité où elles exercent, les informaticiennes occupent dans l’ensemble des postes de moindre envergure que leurs homologues masculins. Les conséquences au plan des rémunérations sont de ce simple fait, évidentes : les niveaux de rémunération sont inférieurs aux hommes. Au plan des promotions, les effets du plafond de verre apparaissent plus nettement dans les autres secteurs d’activité que dans celui des ESN. Elles sont plus fréquemment sans responsabilité d’équipe ; et gèrent moins souvent des budgets ou des chiffres d’affaires. Environ une informaticienne sur dix est responsable hiérarchique contre 15 % des informaticiens des ESN et 33 % des informaticiens dans les autres secteurs. Il est également à noter que la responsabilité d’un chiffre d’affaires à réaliser est quasiment autant partagée entre les hommes et les femmes au sein des ESN (respectivement 14 % et 15 %). Enfin, c’est chez les informaticiens des ESN que l’écart de salaire selon le sexe est le plus réduit, de l’ordre de 6 % concernant le salaire moyen et 3 % pour le salaire median.