
Vous ouvrez votre boite à emails, et cette accroche d’un site professionnel (Cadremploi) vous saute au visa ge : “le cadre a les chocottes”. Selon un sondage IFOP, une très écrasante majorité des cadres interrogés seraient sous le coup “de tensionsliées au contexte économique qui demeurent fortes sur le marché”. Rien de surprenant . Si les questions posées ce printemps se sont exprimées sur fond de tensions économiques majeures, elles le furent aussi dans une période d’enlisement bien réel du marché de l’emploi. Au- delà des courbes statistiques, c’est bien le rapport, en réalité toujours plus insaisissable, que notre société entretient AU TRAVAIL, que dévoilent les multiples constats de crainte et de morosité relayés par les médias.
En juin, en dehors du mot “football”, le mot sur toutes les lèvres était RETRAITES. On peut parier qu’il occupera la scène durant l’été (à l’Assemblée), comme à l‘automne, quand le mouvement social voudra s’opposer au passage en force gouvernemental. Gestion maitrisée d’un dossier politique majeur ? C’est en réalité à une opération de p ur marketing politique que l’on a assisté. De négociation, il n’y a point eu. Au mieux, “Concertations”.
Les partenaires sociaux se sont vus de s saisis de leurs responsabilités en termes de gestion paritaire. Les décisions prises entre politiques ne règleront le problème de financement, de l’a vis général, que pour 6 à 8 ans dans le meilleur des cas. Et les trois questions de fond qui, de mon point de vue plombent le dossier retraites , nes ont toujours pas abordées avec franchise : l’emploi, la place que nous accordons au travail dans nos sociétés,une révision juste de la fiscalité.
Nos concitoyens, cadres ou non, se demandent à quelle sauce ils seront accommodés. Travailler plus longtemps. Pour toucher moins. Connaitre plus longtemps le chômage. S’entendre dire, à 50 ans, “que l’on coûte trop c her ”. Et constater qu’une réforme majeure, impliquant TOUS les travailleurs, salariés ou indépendants, agriculteurs , du public comme du privé, quels que soient leurs âges, sexe, statut, peut se décréter sans aucune négociation réelle avec les représentants reconnus par la Loi… et en si peu de temps !
Il y a plus inquiétant. Naguère la retraite nous était vendue comme une seconde vie. “Ajoutez de la vie à vos années, et pas seulement des années à vos vies”, affichaient des slogans prometteurs. Ramenées à des portionsplus congrues, ce temps de la vie heureuse ne fait pas rêver. Et ravive l’inquiétude d’un monde “sans travail”, celui annoncé voilà moins de quinze ans par Jeremy Rif kin, qui le décrivait moins comme un monde moins dépourvu de contrainte que de cohérence… Une société de précarités nouvelles,de délinquances et de conflits sociaux aggravés, sans projets.
Que les cadres se sentent mal à l’aise n’est pas pour nous surprendre. Il reste, même à l’approche des périodes de trêve estivale, à vouloir. Vouloir construire. Vouloir se battre. Vouloir dialoguer. Vouloir négocier. Si certains d’ent re nous ont de bonnes raisons “d’avoir les chocottes”, nous avons décidé de ne pas renoncer.
Bonnes vacance s à tous c eu x d’entre vous qui partiront, et courage à ceux qui… partiront plus tard.
Michel de La Force
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