publié le 8 avril 2011
En ce début d’année 2011, l’actualité bouscule partout les rares certitudes que la crise récente n’avait pas encore ébranlées. Si, comme syndicalistes, nous jugeons éminemment préférable de nous tenir à distance des débats partisans, nous sommes aussi citoyens. Et nous savons de quel poids pèsent, en cette fin d’hiver dramatique, les soubresauts du monde et ceux qui agitent notre pays. Comment pourrait-on d’ailleurs nier leur impact sur les sphères financière, économique et sociale ?
Ces dernières années sont apparues de nouvelles failles au cœur de la société française. Progressivement, on voit qu’elles modifient la nature des relations humaines et sociales au sein de nos entreprises. Nombre de nos concitoyens se définissent d’abord, aujourd’hui, par ce qui les distingue ou les singularise de l’ensemble. Nombre d’entre eux estiment mériter à tel ou tel égard des attentions spécifiques. La revendication identitaire, bien plus forte qu’il y a dix ou vingt ans, s’impose de plus en plus souvent aux tables des négociations. C’est un fait que nous déplorons. Le législateur a souhaité définir avec précision 18 critères de discrimination inacceptables. Dans ses principes, cela nous apparaît une excellente décision : car aucun salarié ne devrait être interdit d’un emploi, pour des raisons sans rapport avec les compétences attendues, personnelles et professionnelles. Nous savons d’ailleurs que ces principes sont assez mal suivis en réalité.
Autre chose serait d’accepter que se multiplient les dérives. Disons le nettement, nous ne pouvons admettre que se développent dans notre pays des positionnements de plus en plus ouvertement clientélistes, motivées d’abord par des arrière- pensées de piètre marketing. Exacerber les différences, ce n’est pas les respecter. C’est au contraire chercher à utiliser ou manipuler les consciences, à des fins de court terme.
À l’heure où nous voulons affirmer la pertinence d’un syndicalisme de services, et faire vivre “le réseau social” que nous prétendons constituer, nous devons avoir ce courage d’exprimer sereinement des valeurs qui nous semblent essentielles.
Affirmons alors que chacun, au-delà de ses appartenances multiples, appartient d’abord à la communauté républicaine, la seule qui permette d’assurer le “vivre ensemble” indispensable.
Notre syndicalisme, moderne, et dont les racines sont catégorielles, doit toujours demeurer en ligne avec ce qui nous apparaît constituer l’intérêt général .
Michel de La Force