Publié par Chabot Silvère le 17 décembre 2009.
La FIECI davantage présente au sein du Réseau Équilibre
Au sein de la Confédération CFE-CGC, le Réseau Equilibre existe depuis 2004. Ce laboratoire d’idées, qui se veut également force de proposition, s’investit dans deux champs étroitement liés, l’égalité professionnelle hommes-femmes, et “la conciliation des temps de vie”. Depuis la rentrée de septembre sous l’impulsion de Nils de Tymowsky et de Michel de La Force, plusieurs adhérents de la FIECI ont décidé de rejoindre ce réseau, pour réfléchir à ces questions et à leurs déclinaisons spécifiques, dans les métiers du conseil et de l’informatique. Nous avons voulu en savoir plus auprès de Liliane Carrère, l’une des membres à l’origine de cette initiative.
FIECI : Pouvez-vous présenter le groupe de travail qui vient de se constituer ?
LC : Au sein de mon entreprise, Osiatis, je participe depuis plusieurs années aux activités du CCE et à la Commission sur l’Egalité Hommes-Femmes depuis sa création en 2009. C’est pourquoi la volonté de la FIECI d’être plus présente, plus impliquée au sein du Réseau Equilibre m’a paru excellente, et j’ai donc accepté d’y participer. Nous existons depuis la rentrée de septembre comme un petit groupe. Il est animé par Nils de Tymowsky qui suit depuis longtemps ces questions au sein de la CGC. En dehors de lui, ce groupe comporte une petite dizaine d’adhérentes. Pas d’autres hommes pour le moment… Mais ils sont naturellement les bienvenus pour nous rejoindre, et participer à nos réflexions ! Puis à les porter ensemble sur le terrain, dans les débats partout en France.
FIECI : Qu’est ce qui vous semble important dans ce projet ?
LC : Mes collègues participantes et moi, avons une vie professionnelle sinon accomplie, du moins déjà nourrie. Or, nous partageons tous les mêmes constats : dans les sociétés de services, les conditions de vie et de travail deviennent, à l’évidence, de plus en plus difficiles. La dégradation des rapports humains se retrouve partout. Elle touche les hommes comme les femmes, mais avec certaines contraintes plus sensibles encore chez ces dernières.
Comme syndicalistes, nous ne pouvons l’accepter sans réagir. Nous voulons au contraire, participer à l’amélioration des conditions de vie dans le monde du travail, valoriser la mixité et obtenir l’égalité des chances entre les hommes et les femmes.
FIECI : Pouvez-vous décrire mieux cette dégradation ?
LC : Nous exerçons des métiers intellectuels, 80 % de nos collègues sont cadres, et souvent ce statut implique un niveau d’exigence plus fort ; une pression constante, notamment en nombre d’heures travaillées. Certains d’entre nous travaillent systématiquement durant les weekends. Au niveau managérial, le relationnel se dégrade, avec un manque de considération flagrant pour ceux qu’on n’appelle plus que “collabs”, et qui se sentent de moins en moins valorisés en tant qu’humains, voire totalement dépréciés. Quand la pression se fait plus forte, le stress augmente lui aussi et la santé se dégrade.
S’y ajoutent dans nos métiers l’individualisation des relations humaines, des rémunérations, des récompenses. C’est aussi là que les rapports de situation comparée des hommes et des femmes se font toujours attendre.
FIECI : Parlez-nous de l’impact spécifique pour les femmes.
LC : Elles vivent les mêmes sources de stress, mais avec cette difficulté supplémentaire, jongler avec “la deuxième activité”. Elles ont des contraintes de temps spécifiques, partir plus tôt, donc prendre moins de temps le midi pour déjeuner, travailler plus vite, subir éventuellement les remarques ou reproches liés à ces contraintes horaires, et en conséquence voir leur travail moins reconnu. On dit volontiers “qu’elles font moins d’heures” alors que c’est généralement faux et jamais souligné par les clients lorsqu’elles travaillent chez eux. À cela s’ajoutent évidemment les inégalités de salaires, les écarts manifestes en termes d’augmentations.
Depuis cinq ou six ans, on constate de nets ralentissements dans les progressions de carrières. Quand il y a moins d’opportunités, elles sont les premières lésées.
FIECI : Quel message va porter ce tout jeune Réseau Équilibre Fieci ?
LC : Nous pensons que l’entreprise, au moins ses instances paritaires, doit s’emparer de tous les sujets où le travail influe sur la vie des hommes et des femmes, pour faire en sorte que pour chacun d’eux, leur travail ne “pollue” plus leur existence en tant qu’individus. On doit pouvoir “Vivre le travail différemment”, par exemple installer l’idée qu’une réunion importante ne démarre plus à 16 heures pour se prolonger sans fin et reconnaitre les difficultés particulières du parent isolé à ce niveau, qu’il soit homme ou femme.
Par ailleurs, nous constatons que dans nos métiers, le pourcentage de femmes présentes dans le syndicat est très faible (moins d’un tiers, à la FIECI). Et toutes ces questions seront d’autant mieux relayées auprès des institutions, des politiques, qu’elles pourront l’être également par des femmes. Pour autant nous souhaitons le plus possible être rejoints par des hommes, afin que ces questions soient reconnues comme essentielles pour tous…