Publié par Chabot Silvère le 16 décembre 2009.
LETTRE OUVERTE…
…à nos DRH à l’heure d’aborder 2010
Par Michel de La Force
La période s’y prête… C’est pourquoi j’aimerais, avec l’ensemble de mes collègues et amis syndiqués de la FIECI, adresser des voeux sincères à ceux qui sont le plus souvent nos interlocuteurs privilégiés lors des négociations, et dont l’image a été quelque peu écornée en cette année 2009.
Chers partenaires des Ressources Humaines,
chaque année nous espérons que puis sent s’instaurer entre vous et nous de vraies négociations, fondées sur le dialogue, et véritablement suivies d’effets concrets. Les sujets ne manquent pas ! La revalorisation de salaires, pour tous nos collègues, hommes et femmes, débutants ou confirmés, de tous types d’entreprises, grandes et moyennes… L’accès à la formation professionnelle… L’égalité Homme/Femme s, l’accès aux promotions… Contre les diverses formes de discriminations… Tant de thèmes de négociations, ouverts un jour… mais toujours laissés en friche… Oui, chaque année nous espérons des échanges fructueux… et chaque année nous sommes finalement déçus.
Certes, il y a ces périodes ponctuelles où se négocient les transpositions des lois nationales ou conventionnelles. Celles où le législateur brandit la menace d’une mesure fiscale en l’absence
d’accord, sur des dossiers prioritaires (seniors, handicap, GPEC)… Là, aucun doute ! Nous sommes des interlocuteurs intelligents et responsables !!! Mais hors de ces périodes, nous sommes insuffisamment reconnus comme interlocuteurs de qualité. Et nous ne pouvons que regretter cette carence d’un réel dialogue social durable.
De ces discussions relevant trop souvent du simulacre, nous pourrions vous rendre responsables, vous, les DRH. Or la réalité est plus simple, et peut- être plus cruelle. En effet nous savons que vos marges de manoeuvre sont le plus souvent limitées, voire nulles. Car vous n’avez souvent aucun réel mandat de discussion. Votre tâche se limite à obtenir l’application d’un modèle d’accord préétabli, imposé par votre direction générale… elle-même surveillée par l’Actionnaire et les “phynanciers” !!!! Vous êtes, comme on dit, responsables mais non coupables…
Etonnez-vous ensuite qu’un récent sondage, réalisé par TNS Sofres pour Altedia à la fin de l’automne, ait mis en évidence qu’une cassure s’est produite entre les salariés français et leurs employeurs. Qu’entre vos salariés et leurs dirigeants, la rupture paraît “consommée”. Que les salariés s’affirment dépités, floués. Vous êtes, vous les DRH, les révélateurs de ce désamour !
Coincés entre la pression de vos dirigeants, et ces employés amers que nous, syndicalistes, représentons. Quand moins d’un salarié sur deux déclare faire confiance à son dirigeant, c’est tout
le modèle managérial qui est en crise. Et la cassure peut alors devenir… une faille !
Fin novembre, on annonçait une reprise économique, mais sans impact positif sur l’emploi puisque dans le même temps le chômage repartait à la hausse. L’absence de perspectives plombe le moral des cadres. Le quotidien se vit sous la double bannière du stress et des contraintes. Lisant la presse économique, on cherche désespérément la moindre confirmation que l’embellie annoncée pourrait profiter aussi aux salariés, et notamment aux cadres, en termes de recrutement, et de hausses des rémunérations. Mais en réalité, nous connaissons les co nsignes qui vous sont imposées ! “pas d’argent !”. Vous voilà face à “vos” responsabilités. À vous “d’assumer”…
Dans nos métiers, les augmentations se négocient souvent “au mérite individuel”. Nous estimons normale une reconnaissance des mérites, mais sommes également convaincus que c’est au plan conventionnel, et pour tous les salariés cadres, qu’un réel effort doit apparaitre visible, en ce début d’année 2010. Depuis deux ans, les salariés “aussi” subissent la conjoncture! La sortie de crise ne sera réelle que si elle bénéficie à ceux qui ont travaillé dur pour la dépasser. Il est grand temps que vous, Directions des Ressources Humaines, obteniez de vos supérieurs de réelles marges de manoeuvre dans les négociations qui s’ouvriront aux premiers jours de l’année.
En 2010, de réelles négociations seraient enfin suivies d’effets concrets… Oui… Je sais… Mais si en plus, il est interdit d’espérer !…
Bonne année à tous !
Michel de La Force